Laurence Parisot au GODF : ce n'est toujours pas une bonne idée...
Laurence Parisot, présidente du MEDEF
On le sait maintenant, Laurence Parisot ne pourra pas se représenter à la présidence du MEDEF. Le comité exécutif a repoussé d'une voix sa réforme-tripatouillage des statuts !
Sa visite au GODF présente-t-elle toujours le même intérêt ?
On pourrait répondre que le fait même de poser cette question, c'est y répondre... Probablement. Ce serait avouer le peu de cas que l'on faisait au thème de la conférence...
D'un autre coté, le fait qu'elle ne puisse plus être candidate relance la priorité au fond même du thème proposé.
Mais cela relance aussi la question du bien fondé du choix de Mme Parisot par rapport aux valeurs qu'elle incarnent et qui en ont fait sa spécificité, sa valeur "bankable"...
Donc, Mme Parisot traitera du thème : "Dépasser les antagonismes pour construire une société apaisée et propère".
En quoi son mandat de présidente du MEDEF la légitime-t-elle sur ce thème ? Et qu'en attend le conseil de l'ordre, puisque c'est lui qui a pris l'initiative de l'invitation ?
La présidente du MEDEF, syndicat représentant du patronat, a conclu le 11 janvier 2013 une négociation avec les représentant des syndicats de salariés. Cette négociation a entrainé la division de ces organisations. Sur les cinq jouissant, à l'époque, de la "présomption irréfragable de représentativité" (selon un vieil arrêté de 1966 !), à savoir : CGT, CFDT, FO, CFTC, CGC, 3 ont signé (CFDT, CFTC, CGC) et 2 ont refusé (CGT, FO). Légalement, le fait que 3 organisations sur 5 signent le rende "majoritaire", même si le nombre de voix obtenues aux élections professionnelles apportent la preuve que ces 3 signataires sont minoritaires face à la CGT et à FO.
Mais le MEDEF voulait absolument imposer cet accord car il est favorable aux intérêts de ses mandants ! L'ANI (Accord National Interprofessionnel) et Mme Parisot n'a pas craint de ne pas "dépaser les antagonismes" pour imposer sa vision d'une "société apaisée et prospère" ! Qui plus est, elle n'a pas craint de dire qu'elle ne comprendrait pas que le législateur ne suive pas "à la lettre" le texte de cet accord lorsque que le parlement le transformerait en loi !
Belle conception de la démocratie parlementaire ! C'est sur cette base qu'elle abordera sa conférence...
Alors qu'en attend le Conseil de l'Ordre ?
Les Loges ont beaucoup invité des ministres et des personnalités plutôt situés "à gauche". A-t-il souhaité procéder à un certain rééquilibrage ?
Le projet de "Manifeste pour le XXI° siècle" qui devrait être l'ambition des Francs-Maçons du GODF pour les prochaines décennies, et dont la rédaction va très probablement devoir être revue et soumise au Convent, souffre d'une coloration très politique. A-t-il conçu que Mme Parisot pourrait apporter à la réflexion une vision différente, très "libérale", très "droitière" sur la société ?
Quoiqu'il en soit, il est peu probable qu'elle y développe autre chose que la vision qui l'a guidé tout au long de son mandat. Peu d'intérêt en somme au moment où, réflexion pour réflexion, il devient impératif de réorienter la pensée économique, comme nous y invitait lors d'une conférence publique André Orléan. Pourquoi faire appel à une personnalité toute enpreinte d'un solide conservatisme construit sur des valeurs surranées ?
Toujours une mauvaise idée en définitive...
Gérard Contremoulin
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