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Le Blog pour Tous d'un franc-maçon. "La loi morale au fond de notre coeur et la voute étoilée au dessus de notre tête". Emmanuel Kant Les pseudonymes ne sont plus acceptés pour les commentaires. (4.11.2018)

31 Mar

Lilian Thuram : il faut sortir de la réflexion sur la couleur de peau

Publié par sous la Voûte étoilée  - Catégories :  #Valeurs républicaines

Sa popularité, Lilian Thuram a décidé de la mettre au service du bien commun. Misant beaucoup sur l’Ecole, il estime que l’éducation contre "le travail d’éducation contre le racisme n’est pas compliqué à entreprendre". Entretien.

 

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Votre travail d’éducation contre le racisme prend une nouvelle dimension avec ce double dvd destiné aux enseignants et élèves de CM1 et CM2. Quel est son objectif ?
 Faire comprendre que le racisme est avant tout une construction intellectuelle - on ne naît pas raciste, on le devient - et sortir d’une certaine morale pour se placer sur le plan éducatif. Qu’est-ce qui fait que nous avons des préjugés sur l’Autre, par rapport à son genre, à sa couleur, sa religion, son orientation sexuelle, sa culture… ? Ce sont nos propres conditionnements, familiaux, religieux, scolaires… qui construisent notre personnalité, notre façon de penser. S’adresser aux éducateurs et leur proposer des informations scientifiques, historiques, leur facilitera le travail de réflexion pour déconstruire les préjugés des enfants.  

 

 Quel regard portez-vous sur l’Ecole ? Pensez-vous qu’elle va mal ?
Lilian-thuram.jpgUne société qui ne s’interrogerait pas sur son école serait une société malade. Comme partout, il y a des problèmes mais il faut s’interroger sur les moyens donnés à l’Ecole, à ses personnels. Chacun de nous a droit à une bonne éducation. Plus les enfants seront éduqués, plus ils auront de chances de comprendre et d’améliorer la société dans laquelle ils vivent. 

 

 Votre initiative a-t-elle pour ambition de dépasser la seule sphère scolaire ?
Oui bien sûr à travers d’autres actions. Mais pour moi, l’Ecole reste le cœur de cette réflexion sur la fraternité qui ne se décrète pas, elle se construit. L’Ecole favorise le vivre ensemble mais les programmes peuvent aussi renforcer certains préjugés de façon inconsciente. Par exemple, le sondage réalisé à l’occasion de la parution du livre Mes étoiles noires en janvier 2010 montre que 80% de la population française rencontre l’histoire des populations noires pour la première fois dans son cursus scolaire par le biais de l’esclavage. Par la suite, il n’y a pas d’autres rencontres ou très peu. On voit donc bien que l’Ecole participe à la mise en place de certains préjugés de façon inconsciente. Le travail d’éducation contre le racisme n’est pas forcément compliqué à entreprendre. Ce qui est primordial, c’est que chacun de nous ait le courage de se questionner : quels sont mes préjugés ? Ce sont aussi des images que l’on va mettre dans un livre d’école, sur les murs d’une classe. Nous devons enrichir nos connaissances et nos imaginaires pour faire comprendre aux enfants une idée simple : la couleur de la peau, le genre, la religion, la sexualité, la culture ne déterminent en rien les qualités et les défauts d’une personne. 

 

Que pensez-vous des politiques de la diversité ?
Qu’est-ce qu’on entend par diversité ? Les femmes, les hommes, les enfants ? La diversité d’âge ? De religion ? De quelle diversité parle-t-on ? Il faut surtout refuser toute instrumentalisation politique. Je pense que pour bien vivre ensemble, il faut avant tout apprendre à se connaître. Il faut faire en sorte que l’éducation ne soit pas figée. On apprenait à la génération de ma mère que ses ancêtres étaient les Gaulois. Est-ce juste ? Aujourd’hui, certaines personnes pensent qu’il y a des Français « de souche ». De quelle souche parle-t-on ? De la souche francilienne, bourguignonne, alsacienne, bretonne, basque ou parle-t-on plus sérieusement de la souche africaine d’Homo sapiens, notre ancêtre commun à tous ? Tout n’est qu’une question d’éducation. Il faut sortir de la réflexion sur la couleur de peau. Les politiques de la diversité ont parfois pour objectif d’inciter des entreprises ou des écoles à choisir des personnes issues de l’immigration. Le problème est que lorsque l’on parle de ces personnes, ça s’arrête souvent aux noirs ou aux arabes. On peut être issu de l’immigration polonaise, portugaise, espagnole, etc.

 

Que pensez-vous des politiques de la diversité ?
Qu’est-ce qu’on entend par diversité ? Les femmes, les hommes, les enfants ? La diversité d’âge ? De religion ? De quelle diversité parle-t-on ? Il faut surtout refuser toute instrumentalisation politique. Je pense que pour bien vivre ensemble, il faut avant tout apprendre à se connaître. Il faut faire en sorte que l’éducation ne soit pas figée. On apprenait à la génération de ma mère que ses ancêtres étaient les Gaulois. Est-ce juste ? Aujourd’hui, certaines personnes pensent qu’il y a des Français « de souche ». De quelle souche parle-t-on ? De la souche francilienne, bourguignonne, alsacienne, bretonne, basque ou parle-t-on plus sérieusement de la souche africaine d’Homo sapiens, notre ancêtre commun à tous ? Tout n’est qu’une question d’éducation. Il faut sortir de la réflexion sur la couleur de peau. Les politiques de la diversité ont parfois pour objectif d’inciter des entreprises ou des écoles à choisir des personnes issues de l’immigration. Le problème est que lorsque l’on parle de ces personnes, ça s’arrête souvent aux noirs ou aux arabes. On peut être issu de l’immigration polonaise, portugaise, espagnole, etc.

Nous sommes en 2011, la société classifie et porte des jugements sur les personnes selon la pigmentation de leur peau plus ou moins foncée. L’exemple le plus flagrant est cette notion que nous répétons à n’en plus finir : la minorité visible pour les personnes de couleur "non blanche" et donc par déduction la majorité invisible pour les personnes de couleur "blanche". Combien de temps nous faudra-t-il encore pour dépasser ces notions à la base du racisme ? 

 

La montée de mouvements populistes et d’extrême droite en Europe vous inquiète-t-elle ?
Dans les moments de crise, on rejette la faute sur l’Autre. Qui est l’Autre ? L’Autre est toujours une construction. Selon les époques, l’Autre a été le sauvage, le chrétien, le noir, le musulman, le juif, le protestant, etc. Lutter contre cette construction est extrêmement difficile dans ces périodes de crise car c’est avant tout une tentative de manipulation de certains politiques pour créer de la peur. Et chacun de nous le sait très bien, quand la peur nous envahit, la réflexion devient très difficile. La société finit par croire qu’il y a des "nous" et des "eux".  Rappelons-nous qu’en 1933 le nazisme a pu faire croire qu’une supposée "race aryenne" était supérieure. Aujourd’hui sommes-nous assez matures pour ne pas tomber dans le piège ?

 

 

DVD
La Fondation Lilian Thuram, la CASDEN et la MGEN ont lancé un programme multimédia d’éducation contre le racisme à destination des écoles primaires. Intitulé "Nous Autres", il apporte aux enseignants les ressources documentaires nécessaires pour mieux appréhender le sujet complexe du racisme, avec le concours de chercheurs. C’est également un support pour l’animation de la classe, avec des extraits vidéos, des animations et des jeux. Destiné aux enseignants et aux élèves de CM1 et CM2, cet outil pédagogique interactif composé de deux dvd sera envoyé gratuitement à tous les enseignants de CM1 et CM2 qui en feront la demande.


Pour en savoir plus

 

Cet article provient de UNSA Education
http://www.unsa-education.org

L'URL de cet article est:
http://www.unsa-education.org/modules.php?name=News&file=article&sid=1715

 

 

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