Mariage pour tous : Pascal JOLLY, maire de Gasny (27) se prononce.
Pascal Jolly, maire de Gasny (27) - Photo Gérard
Contremoulin
Ma réflexion se limite uniquement au seul mariage civil. J'insiste bien sur cet aspect.
- Ce serait une reconnaissance officielle de ce qui existe déjà dans les faits depuis la nuit des
temps.
- Ce serait une reconnaissance légale de l'appartenance égalitaire des individus dans la communauté
civile.
Le mariage religieux, seul reconnu avant 1792, insiste sur la finalité procréatrice du mariage. La
répudiation d'une femme stérile était donc monnaie courante. Le mariage civil n'existe pas à l'époque. C'est à la révolution française, avec la séparation de l'église et de l'état, que l'unique
reconnaissance légale va être donnée au mariage civil. La cérémonie religieuse reste un choix en fonction des croyances de chacun.
Dès lors, la procréation n'est plus inscrite comme l'objectif du mariage et la séparation, le
divorce, s'inscrit dans une loi qui fixe les droits et les devoirs de chacun des conjoints.
Au début du XXème siècle disparaît l'article que "l'homme doit protection à sa femme et la femme,
obéissance à son mari".
En 1970, l'égalité entre époux est instaurée dans les textes. Déjà, dès 1968, le mariage n'est plus
l'acte fondateur du couple. Les unions libres se multiplient. C'est la liberté de chacun de se marier ou non.
L'union libre va offrir à chacune et à chacun et indépendamment de son sexe, la liberté de vie en
couple.
L'article 12 de la convention des droits de l'homme établie le droit fondamental de se marier et de
fonder une famille. Il n'y est pas fait mention de qui a le droit de se marier et comment fonder sa famille.
L'histoire du mariage est une évolution et une adaptation permanente au monde contemporain. Après le
PACS, le mariage civil de 2 femmes ou de 2 hommes en serait une étape supplémentaire.
Le code civil nécessiterait évidemment certaines adaptations de ses articles sur le mariage puisque,
même s'il n'existe dans le texte aucune différenciation de sexe, il est fait mention du père et de la mère.
Adoption :
On parle de l'équilibre de l'enfant dans un environnement familial ou la présence du père et de la
mère y est indispensable. C'est bien entendu important et le cas idéal. Mais se limiter à cette conception, c'est nier la réalité.
Si là encore on fait un peu d'histoire : Il y avait le père, la mère, les enfants du couple. Et puis
il y avait le même père, la maîtresse ou la favorite et les enfants adultérins, les bâtards.
A quel bel équilibre ! Ces enfants vivaient pour la plupart cachés et lorsqu'ils devenaient trop
encombrants, on les supprimait.
Puis l'existence du divorce permet les séparations. Dès lors, l'équilibre de l'enfant n'en est-il
pas affecté ? Ou alors et en fonction des situations, n'y retrouve-t-il pas au contraire un équilibre ?
Les conjoints séparés ont des droits et des devoirs, mais les devoirs sont-ils toujours respectés
?
Combien de femmes et parfois même des hommes se retrouvent donc avec leurs enfants dans des
situations d'un foyer monoparental avec un abandon total de l'un ou l'autre des parents ? L'équilibre de l'enfant en est-il affecté ? Peut-être pas ?
L'adoption par un couple de même sexe ne retirerait rien à l'obligation d'éducation et de moyen à
donner à l'enfant. Ça ne retirerait rien à l'amour que ses parents auraient pour lui.
L'adoption par un couple est possible comme elle est permise aussi à une personne seule aujourd'hui.
Homme ou femme. Si les enquêtes faites à cette occasion révèlent toutes les qualités requises pour un seul futur parent, alors pourquoi les règles seraient-elles différentes pour un couple quel
qu'il soit ?
Concernant la procréation assistée, je note que c'est possible et déjà effectif pour une femme sans
pour autant que cela pose la question de sa sexualité.
Pour un couple d'hommes, qui n'a évidemment aucune possibilité naturelle de gestation, et si l'un
des deux veut être le père biologique de l'enfant, il devra avoir recours à une femme intermédiaire, mais quid de l'autre homme, quid de cette femme.
Concernant le couple de femmes, l'une ou l'autre, naturellement peut porter l'enfant qu'il désire
mais quid de celle qui ne l'aura pas porté ?
En cela je suis forcément interpellé et septique.
Si l'on veut un semblant d'égalité, alors l'adoption, pour un couple d'hommes, m'apparaît comme la
seule possibilité légale et concernant un couple de femmes, et à condition qu'il choisisse la procréation naturelle, alors il faut trouver le statut légal à celle qui n'aura pas porté
l'enfant.
Pascal JOLLY, maire de Gasny.
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