Notre spiritualité : Dieu est mort, l'Homme est vivant. Il est temps de s'occuper de l'Homme.
Sisyphe, Bronze de Martine France Moreau
Notre ami Christophe aborde une "sacrée" piste de réflexion(s) sur la différence entre la spiritualité et le social que j'abordais dans un précédent article lorsqu'il évoque ceci :
Comme le disait Georges Beernaerts, utiliser des symboles, qui ne sont que des outils, pour diviser : c'est aller contre l'objet spirituel de la maçonnerie. La spiritualité de la maçonnerie est là: c'est Sisiphe heureux, c'est recommencer encore et encore le travail, car la maçonnerie et le maçon c'est le travail, c'est la beauté à la fois de la pierre et de l'homme qui la pousse, et non pas une quelconque exaltation metaphysique, une quelconque religion, une quelconque réussite contre les autres: nous sommes les vrais fous de dieu, ceux qui proclamment que dieu est mort et l'homme est vivant et qu'il est temps de s'occuper de l'homme: c'est en cela que nous sommes spiritualiste
En fixant une alternative à l'opposition apparente entre spiritualité et social, entre finalement maçonnerie pétrie de symbolisme et maçonnerie pétrie de social, il détermine un espace où le maçon, soeur et frère, travaille toutes les dimensions de l'être humain, individu et être social à la fois, utilisant les symboles-outils comme méthode, comme moyen et non comme fin.
A l'inverse, le symbolisme utilisé comme une fin en soi conduit souvent à des recherches sans fin et sans autre perspective souvent que l'isolement et la séparation d'avec les autres maçons. Sans parler des séparations intitutionnelles, justifiées dogmatiquement par, précisément l'obligation de "croire en un Dieu et en sa parole révélée" !
Mais justement, si Dieu est MORT, si l'ardente obligation du franc-maçon est le travail, s'il est le "Sisyphe heureux" de Camus, et que le sujet de son travail est précisément l'Homme, cet être VIVANT, tout initié donc, soeur ou frère, arpente l'étendue de sa condition humaine.
Il y découvre le rôle de la Raison dans l'individuation, cette formidable capacité qu'il a de se penser à la fois comme individu ET comme membre de la communauté humaine, comme tout et comme partie, comme dissemblance et comme ressemblance. Il peut alors mesurer la pervention de l'individuation qu'est l'individualisme.
Il y conçoit la dimension sociale de son existence en tant qu'individu. Il y découvre que la construction de soi est étroitement dépendante de sa relation avec la société des hommes, avec l'humanité.
Peut-il, cet initié, se désintéresser de cette société des hommes dans laquelle il vit ? Peut-il s'amputer d'une partie essentielle de sa réflexion ? Certains franc-maçons semblent l'accepter, au moins dans leurs règles officielles, les Landmarks... Mais à entendre certains d'entre eux, si la référence existe et si elle se décline en règles en 8 ou 12 points, la réalité sociale est tout de même là, qui s'impose à eux. Certains même le revendiquent dans leurs travaux ou leurs réflexions.
C'est peut-être là, pour peu qu'on la souhaite, une piste de synthèse. En tous cas, une piste de réflexion sur ce à quoi peut servir la franc-maçonnerie...
Merci à Christophe.
Gérard Contremoulin
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