"Pour vivre heureux, vivons cachés !" Voire...
Dans le plus pur "esprit" de l'ostracisme de la GLNF d'antan, les désormais 4 obédiences confédérables viennent ce 27 février, de faire Tenue commune, c'est-à-dire exclusive des membres des autres obédiences, sauf de la ... GLNF ! Pour vivre heureux, vivons cachés !
Et même si certains ont du s'étouffer de colère de voir ainsi ruinés leurs efforts séparatistes, c'est nous dit-on, dans un bel esprit de fraternité qu'elle s'est déroulée :
"A l’issue de la Tenue, les participants ont fait part de leur émotion et de leur profonde satisfaction d’avoir participé à cette première manifestation concrète, lors d’une tenue rituelle, de l’élan fraternel qui vise à rassembler, tout en respectant les particularismes de chaque obédience et de chaque rite, plus de 50 000 francs-maçons réguliers de notre pays autour à la fois de valeurs et de principes fondamentaux communs."
selon les très excellent rapport qu'en fait notre non moins très excellent Jean-Laurent...
Que de "l'élan fraternel" dans cette Tenue recentrée sur les valeurs de la Régularité. Pourquoi pas, même si cette évocation chiffrée peut "métalliser" quelque peu l'objectif... Même si l'invitation lancée à la GLNF montre assez nettement la leçon tirée des propos tenus à Kensas-City par le Grand Chancelier de la GLUA, pourquoi pas ... Découvrir les particularismes de chacun et notamment leur pratique des Rites, pourquoi pas...
Néanmoins, ne faut-il pas comprendre qu'il s'agit là, sous la belle formulation de regroupement, d'introduire une solution de continuité dans le principe d'universalité de la Franc-Maçonnerie ? Car la découverte des rites, les particularismes de chacun, les spécificités obédientielles, tout cela se pratique aussi dans les autres obédiences, c'est même la "loi commune" depuis plusieurs siècles !
C'est une habitude désormais bien établie dans la phraséologie des organisations que de parler d'union, d'unité chaque fois que l'on divise. Cette litote organisationnelle qui veut que l'on cache la réalité en l'appelant par son contraire devient la règle. "Va, je ne te hais point" ou plutôt "Pars, tu sais comme je t'aime !". Cela renvoie au "la France n'est pas un territoire ouvert" du Grand Chancelier de la GLUA...
Et bien, c'est précisément lorsque l'on est au coeur du problème, où les chances de réussir sont les moins favorables, qu'il faut tracer la perspective, qu'il faut faire l'ouverture... "Réunir ce qui est épars" passe par la nécessité de faire face à la difficulté. C'est précisément quand la division se montre pour ce qu'elle est qu'il faut ouvrir l'alternative.
Face à la crise qui ruine nos valeurs humanistes, qui fracasse nos certitudes et qui tend à nous plonger dans le relativisme, ne faut-il pas en appeler à une nécessaire convergence des obédiences maçonniques ? Ne faut-il pas en appeler à la responsabilité des exécutifs pour faire taire les suspicions, l'expression des différences et privilégier une parole commune, une vraie parole maçonnique ?
Les "Réguliers" souhaitent se regrouper. Grand bien leur fasse. Mais comprennent-ils bien que le faire sur la base de l'exclusion revient à rééditer les maintes expériences du passé qui ont favorisé l'éloignement de nos obédiences ?
Ce propos paraîtra sans doute utopique aux plus cyniques d'entre nous, au plus résignés aussi... Peut-être.
Mais pourtant, le Franc-Maçon peut-il en rester là ? Peut-il considérer que la tâche le dépasse ? Peut-il vraiment considérer que pour vivre heureux, il doit vivre caché ?
Cela n'est pas si certain...
Gérard Contremoulin
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