Jean Baubérot, spécialiste ès-emploi de qualificatifs pour parler de Laïcité, s'étonne de ne pas avoir entendu (ou peu) le GOF (c'est ainsi qu'il le nomme -
ndlr) à propos du projet de loi du gouvernement sur le "mariage pour tous".
C'est un comble ! Mais c'est réel, et je ne peux que le déplorer.
Qu'en est-il ?
D'abord, ce que ne dit pas Jean Baubérot, c'est le contenu de la prise de position du Grand Orient de France.
Voici le communiqué publié le 5 novembre :
La définition des droits de la personne ne dépend que de la volonté collective des hommes.
Le Grand Orient de France condamne fermement les propos de l'Église Catholique au sujet du projet de loi sur l’ouverture du mariage
civil à tous les couples qui sera présenté au Conseil des Ministres mercredi prochain.
Ainsi, l'évocation par le Cardinal André Vingt-Trois de " mutations profondes de notre législation qui pourraient transformer
radicalement les modalités des relations fondatrices de notre société " témoigne de positions arriérées voire obscurantistes en décalage complet avec les nécessaires évolutions sociales et
politiques de notre temps.
Ce projet de loi vise à assurer une reconnaissance républicaine du libre choix matrimonial des individus qui le souhaitent, au nom de
l’égalité des droits.
Au nom de la Laïcité, le Grand Orient de France rappelle que les Églises doivent se restreindre à la seule sphère spirituelle, et ne
pas interférer, par des imprécations stigmatisantes et des amalgames violents et haineux, avec les légitimes débats publics et démocratiques qui président à l’évolution et au progrès des droits
civils.
J'avais pour ma part (et je ne veux pas tenir rigueur à JB (!) de ne pas me lire...) publié sur ce thème. C'est
ICI. Le débat est engagé et se poursuit aussi sur Facebook.
Jean Baubérot parle ainsi du GODF dans l'article cité :
Le GOF est-il toujours un fervent « défenseur » de la laïcité quand
celle-ci redevient une laïcité de liberté ? Pourquoi cette timidité soudaine, alors que, il faut le redire, on est là dans le fondement même de ce qui sépare une société cléricale et une société
laïque ? Bizarre, comme c’est bizarre…
Et voilà qu'il retombe dans son travers, épine dorsale de son "fond de commerce" : en parlant de "Laïcité de
liberté" !!!
Mais M. Baubérot veut ignorer que le Grand Orient de France est constant dans son affirmation que la Laïcité est
TOUJOURS, de tout temps, la condition qui assure la liberté de tous. Et pour le GODF, cette liberté de tous se renforce par le principe contenu dans la loi de 1905, celui de la Liberté de
Conscience. C'est ce qui fait la différence d'avec lui, d'ailleurs !
Ensuite, pourquoi cette diatribe sinon pour bien marquer qu'il tient le GODF pour archaïque, sinon pour un
adversaire de la modernité, bef une obédience maçonnique ringarde... Cela va de pair avec sa recherche d'une alternative à la loi de 1905, dans son soutien objectif à toutes les "adjectivations"
de la Laïcité, comme il le réédite ici. En fait, qu'il est un partisan d'une application a minima, c'est à dire d'une application aux multiples dérogations.
Mais, dans le même temps, on ne peut
que regretter une absence du GODF depuis ces deux dernières années sur le terrain de la Laïcité - je veux parler ici de la défense et de la promotion, pas des commémorations. Cette
absence relative ouvre un boulevard pour la raillerie de cet homme qui ne peut se passer de "spiritualité laïque", de "morale laïque", toute notion qui cache mal ce besoin irrésistible
de transcendance, cet appel incessant à relèguer la raison au rang des accessoires de la pensée !
La pensée laïque se développe selon les voies de la vie sociale, des règles de vie démocratiquement adoptées,
c'est-à-dire collectivement réfléchies. La Raison, l'intelligence collective, oui, y occupent une place centrale. Pourquoi vounloir absolument lui adjoindre une "inspiration", une
"vérité d'ordre supérieure", une "spiritualité" sinon pour la détourner de sa qualité collective, de sa qualité d'expression populaire ! Jean Baubérot s'y attèle depuis de longues années,
livre après livre, conférence après conférence...
Pourquoi y cèderions-nous ? ...
Gérard Contremoulin__________________________________________