RPMF : la CMF et le pari de la GLDF.
"Divers projets sur la descente en Angleterre", Gallica / Bnf
La récente signature des statuts et Réglements de la CMF est bien le fait de 3 des 5 obédiences qui avaient engagé le processus.
Un petit rappel chronologique permet de comprendre le rôle que s'assigne désormais la GLDF. Signée le 14 novembre, rendue publique le 17 pendant le 11° Salon Maçonnique du Livre, quelques heures avant sa conférence publique au cours de laquelle il déclare que la GLDF est disponible pour élaborer un texte inter obédientiel sur les atteintes à la Dignité humaine, Marc Henry engage la GLDF dans un pari. Rester dans l'esprit de la CMF (les obligations de la déclaration de Bâle dont la rupture avec les obédiences non régulières) et maintenir l'objectif de la "reconnaissance" par la GLUA tout en maintenant TOUTES ses relations actuelles ! L'ambition est à saluer sincèrement.
Certes, elle n'est pas sans rappeler celle du Grand-Maître Richard Dupuy à la fin des années 50, celle d'être, déjà, le trait d'union entre les deux maçonneries issues du schisme de 1877, celle du GODF et celle de la GLUA. Ce pari s'était traduit par la rupture de 1959. Mais, aujourd'hui, et c'est probablement une différence de taille, les orientations de Marc Henry ne semblent pas être celles de Richard Dupuy à l'époque.
Ce qui autorise probablement Jean-Laurent à écrire :
Le pont entre le monde maçonnique de la GLUA et celui du GODF mérite d’être construit. C’est notre Devoir de bâtisseurs.
La franc-maçonnerie libérale adogmatique, appellation qui me semble -et de loin- beaucoup plus juste que celle de "monde du GODF", pourrait être sensible à ce soin, mais ...le demande-t-elle ? Rien n'est moins sûr.
En effet, que peut attendre la franc-maçonnerie libérale adogmatique de ceux qui ne reconnaissent pas ses membres, que ce soit ses obédiences, ses loges, ses frères et ses soeurs ? Et bien, qu'ils les reconnaissent toutes et tous ! Pour ce faire, plusieurs questions fondamentales déja évoquées restent toujours à l'ordre du jour :
- La question de la référence obligatoire au GADLU, Transcendance, Dieu ou Principe Créateur et à sa vérité révélée.
- La question dite "du volume de la Loi Sacrée",
- La question de la reconnaissance des Soeurs à égalité de droits et de devoirs avec les Frères. Et les "cérémonies" que la GLDF a mis au point pour "reconnaître" les Soeurs sans pour autant les accepter dans les travaux rituels, n'est pas une reconnaissance authentique. Il n'est toutefois pas inutile de préciser qu'il s'agit là, selon les usages de la franc-maçonnerie libérale adogmatique, de la reconnaissance au niveau obédientiel, pas nécessairement au niveau de toutes les loges.
Attention, ces questions n'appellent surtout pas de réponse dogmatique. Elles ne constituent pas un préalable. Le GODF ne prescrit aucune obligation à "ses" loges en la matière. Chacune décide pour elle-même des réponses qu'elle y apporte. La seule obligation qu'impose le GODF aux loges, sur décision du Convent, est la lecture de l'article Premier de sa Constitution.
Sur ce chemin, la franc-maçonnerie libérale adogmatique n'a de leçon à donner à personne mais n'entend pas qu'on lui en donne. C'est cette réciprocité qui est au coeur de la rupture des relations entre elle et la GLUA.
Constuire un pont est une entreprise qui permet de matérialiser l'espoir, celui qui fait accepter les moments difficiles. L'Angleterre et la France sont venus à bout des réticences séculaires pour rendre possible la construction d'un lien matériel entre les deux pays. La franc-maçonnerie y réussirait-elle ?
Alors, pourquoi pas énoncer un principe simple mais néanmoins fondamental : la source de toute régularité est dans l'initiation et s'en satisfaire pour "se reconnaître comme tel"...
Gérard Contremoulin
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