RPMF : Régularité ou régularités...
Régularité.
Des 5 définitions qu'en donne Emile Littré, j'en retiendrai deux :
- la 3° qui vise la morale : "exacte observation des devoirs" avec une citation intéressante de Bossuet : "Comment accoutumer des esprits si corrompus à la régularité de la religion véritable, chaste, sévère, ennemie des sens et uniquement attachée aux biens invisibles "(Histoire II, 12.) ;
- la 5° qui vise la règle religieuse : "Particulièrement, exacte soumission aux règles d'un ordre religieux".
Elles se placent toutes les deux sous l'angle de la discipline qu'il faut respecter pour vivre un engagement religieux en toute conformité. Et Bossuet ajoute une dimension de "rectification" des conduites hors normes. C'est ainsi que la régularité apparaît, dans ces définitions, comme une discipline qui impose une soumission complète à ses exigences.
Ce qui peut se concevoir pour une religion, et l'actualité nous en apporte, il faut bien le dire, pas mal d'exemples, l'est beaucoup moins pour la Franc-Maçonnerie dont l'idéal est l'amélioration matérielle et morale, le perfectionnement intellectuel et social de l'Homme (l'Etre humain, hommes et femmes) et de la société !
La déclaration de Bâle propose à la GLDF d'entrer dans un processus au terme duquel elle pourrait obtenir une reconnaissance de "Régularité" à la conditions qu'elle apporte des modifications substantielles dans son fonctionnement actuel. Ce serait une démarche assez proche de l'exemple de Bossuet, s'il s'agissait de parler de religion ! Quoique, dès lors que le convent et le conseil fédéral de la GLDF ont approuvé, à une très large majorité, d'entrer dans ce processus, la question ne se pose plus.
D'autant que c'est une gageure pour la GLDF que d'abord d'accepter ce processus et ensuite de déclarer n'être demandeuse de rien, du moins officiellement. Car ce processus qui s'est fixé un rapport d'étape en décembre prochain commence à "énerver" les responsables de Londres qui ont "rappeler en consultation" (comme on dirait en langage diplomatique) les partenaires de Bâle pour leur dire tout le bien qu'ils pensent de tout cela ! Eh oui, dans cette affaire, les 5 Grandes Loges Régulières s'érigent en autorité de la Maçonnerie "régulière" en lieu et place de la GLUA... Et, reconnaissons qu'effectivement, ça peut énerver !
En fait, si l'on prend les conditions à remplir pour obtenir cette régularité anglosaxonne, et qu'on les applique aux obédiences françaises, c'est-à-dire une obédience qui comprend plusieurs rites, qui place tous ses travaux sous les auspices du Grand Architecte de l'Univers (GADLU), qui sépare nettement les ateliers symboliques et les grades de Sagesse (Hauts-Grades), il n'y en aurait qu'une : la Grande Loge Féminine de France (GLFF) !
Mais, petit problème, la Grande Loge Unie d'Angleterre (GLUA) n'accepte pas la présence de Soeurs à ses travaux !!! On mesure le chemin qui reste à parcourir au processus ouvert à Bâle...
On mesure également le caractère désuet et irréaliste d'une exigence d'uniformité de la Franc-Maçonnerie ! Bien au contraire, l'idéal maçonnique ne peut épuiser un seul modèle... La Franc-Maçonnerie, pour être universelle, doit être multiple dans son approche, dans ses rites, dans ses pratiques et ne surtout pas rester à l'écart de la moitié de l'Humanité.
Et si la "règle" en matière de Franc-Maçonnerie était de se reconnaitre "réguliers" dès lors que l'on partage les mêmes idéaux en pratiquant les mêmes règles... Bien sûr il n'y aurait plus d'espace, même conceptuel, pour une quelconque autorité autre que nos obédiences elles-mêmes...
Gérard Contremoulin
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