Loin de moi la prétention de rivaliser avec le professeur Didier MAUS sur son
propre terrain, le droit constitutionnel. Il en est incontestablement un spécialiste réputé et respecté.
Néanmoins, son analyse sur l'inutilité de
constitutionnaliser la loi de 1905 me pose un sérieux problème... politique et laïque.
L'article premier de la Constitution, auquel M. Maus fait référence, n'a nullement interdit au
Conseil d'Etat de rendre les 5 arrêts de principe de juillet 2011 permettant cinq dérogations à la loi de 1905 !
Charles ARAMBOUROU, magistrat de l'ordre administratif, ancien conseiller à la Cour
des Comptes, développe les moyens utilisés par la Haute Juridiction pour déroger et finalement modifier par la voie jurisprudentielle la loi de 1905.
Pour le Conseil d’Etat, la laïcité à laquelle se réfère l’article 1er de la Constitution n’est pas celle définie par la loi de
1905, mais seulement une obligation de neutralité à l’égard des cultes, et d’égalité de traitement entre eux, et eux seuls. Exit donc la liberté de conscience proclamée par l’art. 1er de la loi de 1905, qui
étend le principe d’égalité à l’incroyance ,ainsi que le principe de séparation (art. 2 de la loi) interdisant aux pouvoirs publics la reconnaissance, le salariat, ou le subventionnement des
cultes.
Dès lors que non seulement le Conseil d'Etat mais aussi le Conseil Constitutionnel ne placent pas les
principes contenus dans la loi de 1905 comme "principes fondamentaux reconnus par les lois de la République", mais les laissent, comme dit Charles Arambourou "au bas de la hiérarchie des normes
légales", ces deux hautes juridictions peuvent trouver les possibilités de déroger ! Il est ainsi nécessaire de corriger ce positionnement. Et le plus sûr moyen reste la
"constitutionnalisation" !
M. Maus s'interroge enfin sur les risques encourrus par une telle initiative politique au noveau
notamment de la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH). Là encore, Charles Arambourou offre une toute autre perspective en raison du principe européen de "subsidiarité"
:
Des divergences jurisprudentielles subsistent certes avec la Cour européenne des droits de
l’homme (CEDH), qui a jusqu’ici considéré que la loi de 1905 définissait le principe de laïcité posé par la Constitution (4). Mais la CEDH, en vertu du principe de subsidiarité, ne peut
s’ingérer dans l’ordre législatif et constitutionnel d’un Etat.
Là encore, il est indispensable de faire savoir que la Laïcité n'est pas la "liberté religieuse" mais la
"Liberté de conscience". Ces deux notions ne sont superposables que pour celles et ceux qui se reconnaissent dans une conception religieuse de la vie et du monde, "Urbi et Orbi" en quelque
sorte. Mais l'humanité est également composée d'êtres humains qui ne se reconnaissent dans AUCUNE "vérité révélée" et pour lesquels ce concept n'a même aucune réalité !
Qu'une personne de la qualité Mme de Valérie Rosso-Debord, secrétaire général adjointe de l'UMP, commette la
confusion et pense pouvoir s'autoriser à dire que François Hollande soit "ne sait pas lire", soit "ment" aux français peut se comprendre par son souci d'alimenter une polémique
subalterne...
Mais M. le professeur Maus... Je ne comprend pas !
Gérard Contremoulin
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