Xavier BERTRAND : une attitude bien singulière !!!
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Publié le mercredi 23 mars 2011 à 09H03
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Xavier Bertrand prône le vote blanc.
IL n'y a pas qu'au sommet de l'Etat que la perspective des duels PS-Front National qui se
dérouleront dimanche prochain dans le cadre d'un second tour des élections cantonales engendre une certaine cacophonie. Entre l'intention de s'abstenir que le Figaro a prêté à Isabelle Vasseur,
députée UMP de la cinquième circonscription et candidate sur le canton de Fère-en-Tardenois face à une FN, le vote blanc prôné par Xavier Bertrand, ministre mais aussi patron de l'UMP dans le
département, le « chacun votera en son âme et conscience », d'Hervé Muzart, président du groupe UMP au conseil général, et l'appel à voter PS lancé par le sénateur-maire UMP de Laon, il y a pour
le moins de quoi déconcerter le militant UMP le plus motivé.
Erreur de transmission
Alors, comme au sommet de l'Etat, certains ont cherché à aplanir tout ce qui pourrait ressembler à
une divergence. A l'issue de la réunion des parlementaires du groupe UMP, hier matin, Isabelle Vasseur a assuré « que nous sommes tous d'accord sur le fait qu'il n'y aura pas une seule voix pour
le FN. C'est net et précis. Maintenant, il n'y aura pas d'appel à voter pour le PS et je ne voterai pas pour le PS. Je voterai blanc ». Ceux qui soupçonneraient une évolution de la mairesse de
Ronchère feraient fausse route puisqu'il s'agit simplement « d'une erreur de transmission » imputée aux journalistes.
La parlementaire axonaise se veut claire sur le sujet mais pas obtus. « Peut-être que localement,
face à un PS modéré, il y a possibilité de faire autrement. Je peux comprendre qu'il y ait des positions personnelles très locales ».
Ce n'est pas du marketing
Une indulgence qui tombe bien puisqu'à Laon-Nord, Christophe Coulon et Antoine Lefèvre,
sénateur-maire de Laon, ne sont pas sur la même longueur d'ondes. « En tant que secrétaire départemental, je m'en tiens à la position exprimée part Xavier Bertrand préconisant le vote blanc »,
précise le premier qui « à titre personnel et comme électeur du canton » votera pour Fawaz Karimet, le sortant socialiste en ballottage très favorable.
« Ce n'est pas un appel à voter, c'est un choix personnel », insiste le jeune conseiller régional. A
l'inverse, Antoine Lefèvre déclare « avoir exprimé dans un cadre local, une position qui s'applique de partout », à savoir « j'appelle à voter PS chaque fois que le candidat de ce parti se
retrouve seul face à celui du Front National ».
Dès le soir du premier tour des cantonales, Antoine Lefèvre a fait parvenir un message à Yves
Daudigny, le président socialiste sortant du conseil général, pour lui faire part de sa décision de prôner « une attitude républicaine ». Et le sénateur-maire de Laon de reconnaître qu'il avait
été bluffé par l'attitude de ses adversaires politiques l'après la célèbre déroute de Lionel Jospin le 22 avril 2002 : « C'était au début de mon mandat et c'est resté gravé. J'ai pensé qu'il
fallait du courage à la gauche républicaine pour appeler à voter Chirac et je me demandais alors si un jour je serais confronté au même cas de figure ». C'est fait et Antoine Lefèvre veut pouvoir
se regarder dans une glace : « On m'a dit que c'était de la supercherie car Chirac n'avait pas besoin des voix de gauche. Mais, au-delà de cela, on a besoin de symboles forts. La politique, ce
n'est pas du marketing. Il y a des choses avec lesquelles on ne transige pas ».
Grand écart
Manque de discipline pour les uns, « je n'ai reçun aucune consigne précise en tant que parlementaire
», ou preuve d'indépendance pour les autres, le choix d'Antoine Lefèvre provoquera sûrement quelques colères dans l'appareil UMP mais ne devrait pas lui être préjudiciable « même si je ne me suis
pas préoccupé de savoir qu'elle était la position des uns ou des autres ». Son mentor au Sénat, Jean-Pierre Raffarin, et Gérard Larcher, le président de la chambre haute, ont eux aussi appelé à
voter pour le PS.
Sans oublier que la droite aura besoin de toutes ses voix pour conserver la majorité au palais du
Luxembourg après les prochaines sénatoriales. Ceci explique peut-être cela : si Sarkozy espère regagner la présidentielle en piochant dans les voix du FN tandis que les sénateurs de droite voient
leur salut au centre, il est normal que selon la règle des intérêts bien compris la majorité fasse le grand écart face aux duels PS-FN.
A l'UMP tout le monde affecte de croire que cet épisode sur les consignes de vote ne laissera pas de
trace. C'est probablement très optimiste. Mais, la ligne de partage (ou la, fissure ou la fracture, peu importe la sémantique) semble retrouver assez facilement la frontière qui marquait naguère
le monde centriste (lire notamment l'encadré concernant le Parti radical valoisien). Et à l'approche d'une échéance présidentielle, le débat sur le Front National pourrait avoir comme conséquence
inattendue de relégitimer une sensibilité centriste réunie cette fois autour d'un socle de valeurs et non autour de l'aversion de Bayrou pour Sarkozy.