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Le Blog pour Tous d'un franc-maçon. "La loi morale au fond de notre coeur et la voute étoilée au dessus de notre tête". Emmanuel Kant Les pseudonymes ne sont plus acceptés pour les commentaires. (4.11.2018)

01 Oct

Fake news ? Le gouvernement cèderait au lobby sectaire ?

Publié par Sous la Voûte étoilée  - Catégories :  #Valeurs républicaines, #Dérives sectaires

Depuis mardi matin 1° octobre circule avec persistance une rumeur selon laquelle le gouvernement se préparerait à dissoudre la MIVILUDES dans l'un des services du ministère de l'intérieur.

 

S'il s'avérait qu'il a bien l'intention de rayer d’un trait de plume vingt cinq ans de politique de prévention et de lutte contre les dérives sectaires, cela voudrait dire que ce gouvernement rendrait les armes, en rase campagne, devant la pression du lobby pro-sectes. 

 

En transformant la MIVILUDES, mission interministérielle rattachée naturellement auprès du Premier ministre au rang subalterne de simple service du ministère de l’intérieur, il se plierait aux exigences maintes fois répétées des organismes à caractère sectaire. Au seul énoncé de cette rumeur de relégation, les Scientologues, les Témoins de Jéhovah, les Anthroposophes, les Raëliens et toutes les sortes de charlatans-profiteurs des douleurs du monde, sabrent le champagne  et entonnent avec allégresse :

 

Jouez Hautbois
Résonnez Musettes
Sarkozy le souhaitaitMacron le fait


 

Manifestation de l'église de scientologie contre la Miviludes, à Paris le 2 mai 2012. PIERRE VERDY. AFP

Manifestation de l'église de scientologie contre la Miviludes, à Paris le 2 mai 2012. PIERRE VERDY. AFP


Pourquoi cette rumeur ?

Après treize mois d’atermoiements gouvernemental, depuis la fin du mandat du dernier président de la MIVILUDES, Serge Blisko (de 2012 à octobre 2018), la nomination d'un nouveau président était attendue. 

Une candidature avait été suivie de consultations tant à Matignon qu'à l'Elysée. Il s'agit de celle de Catherine Picard, ancienne députée, auteure de la loi n° 2001-504 du 12 juin 2001, dite loi "About-Picard" (ici, ici, ici) "tendant à renforcer la prévention et la répression des mouvements sectaires" et présidente de l'UNADFI de 2003 à 2018. Evidemment, sa nomination pouvait signifier la poursuite de la volonté politique consensuelle des différents Exécutifs héritée de Juppé-Chirac de 1995.

 

Est-ce cela qui fâche ?

 

Que s'est-il passé ?

 

Quelle est la nature du débat institutionnel au plus haut sommet de l'Etat ? La question mérite d'être posée. Et surtout, pourquoi choisir, en guise de réponse, la technique, courageuse, de la rumeur : on dit que... il semble que...

 

Sur un tel sujet, on me permettra de penser qu'il s'agit d'une manière particulièrement irresponsable de répondre, compte tenu des enjeux.

 

D'autant que la politique de lutte contre les dérives sectaires fait l'objet d'un consensus permanent depuis sa première mise en place par Alain Juppé qui a initié cette politique en 1995. Cette politique a toujours été confirmé depuis, par delà les présidents et les gouvernements, par la création de la MILS (Mission de Lutte contre les Sectes), confiée à Alain Vivien, auteur du premier rapport au Premier ministre sur le sujet. Puis par sa continuité par la MIVILUDES.

Cette rumeur prend corps à partir d'un flux concordant d'informations qui émanent de proches de la gestion de cet important dossier.

Georges Fenech, ancien député du Rhône, ancien magistrat (lors du procès de la Scientologie à Lyon) et surtout ancien Président de la Miviludes (2008-2012) dénonce "le renoncement de l'Etat" dans ce twit :

Fake news ?  Le gouvernement cèderait au lobby sectaire ?

Ainsi le journaliste Jean-Baptiste Malet, qui nous a produit une analyse du système de Pierre Rabhi, prend position avec trois tweets explicites. 

Ainsi cette info de France Inter : ici

Ainsi cette info de Libération : ici

 

La techno-structure à la rescousse.

 

Un "col blanc" de haut niveau est à la manoeuvre : Marc Guillaume, conseiller d'Etat, secrétaire général du gouvernement (depuis mars 2015) et membre du club "Le Siècle". Il m'excusera, j'espère, cette apostrophe, finalement bien anodine, compte tenu de ses hauts faits.

A ce titre, il a réussi à résister à l'application du "Spoil system", voulu par Emmanuel Macron. Haut fonctionnaire de son état, mais probablement émerveillé par le message des nouvelles minorités spirituelles, il participe de ce grand mouvement de réduction budgétaire de l'action du gouvernement. Le problème, c'est qu'il applique cette exigence à la protection des victimes de sectes. Certes, il a pour lui la mission de "réduire la voilure" des dépenses gouvernementales et en tant que Grand serviteur de l'Etat zélé, M. le secrétaire général traque le Gaspi. Et pour lui, nul doute que le Gaspi soit là, dans des dépenses jugées superfétatoires d'une mission interministérielle.

 

Erreur, grossière erreur. 

 

Que n'a-t-il pas gardé en mémoire le fonctionnement de ces missions interministérielles ? Chaque fonctionnaire de l'Etat sait pourtant que ce type de Mission est rendu viable grâce à l'affectation de personnels issus des différents ministères qui participent à cette action, précisément "interministérielle". Cela fait l'objet de comptes rendus bilans annuels devant le conseil supérieur de la Fonction Publique de l'Etat (dont j'ai été membre). De sorte que la dépense correspondante à ces "missions" exclut les frais de personnels.

 

Alors, présenter comme une mesure de réduction des dépenses de l'Etat, la réduction du personnel à 4 personnes est une présentation illusoire et tronquée de la réalité de cette mesure.

La raison est donc à chercher ailleurs.

 

Elle peut se résumer ainsi : quelle est la véritable mission de Marc Guillaume ?

 

Le passé nous a appris que certaines recommandations avaient pu être faites.

Fidèle , donc discipliné, grand commis de l'Etat, il n'est pas le donneur d'ordre. Celui-là est ailleurs et ne peut être que le Premier ministre et devant lui, le Chef de l'Etat.

Quel est donc le deal qui se cache derrière cette décision ?

 

Que veut en échange, le Chef de l'Etat ? Telle est la question. Elle n'est pas sibylline et ne peut souffrir, chez les lecteurs inspirés par une vision humaniste de la société, de réponse dilatoire. 

 

A mes lecteurs,

 

je dis très sincèrement que, qui que vous soyez, vous devez savoir et mémoriser que la défense de la liberté de penser - et donc la lutte contre les gourous de toutes sortes - ne peut souffrir la moindre tolérance. Je le dis clairement et notamment à l'attention de celles et ceux, voire de Celui, qui, en acceptant d'en rabattre par rapport à cette exigence humaniste, se commettrait à abdiquer la défense de la dignité de l'Homme. C'est, pour moi, une ligne de "partage des eaux".

 

Et je crains que la réponse risque de ne pas sentir bon pour la République et la Laïcité...

 

 

Gérard Contremoulin

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