FEMEN : quelle mouche pique le président Fenech ?
Aujourd'hui président UMP de la mission d'études sur les sectes de l'Assemblée Nationale, M. Georges FENECH fut président de la MIVILUDES (2008-2012), la Mission Interministérielle de Vigilance et de Luttes contre les Dérives Sectaires, successeur de la MILS (Mission Interministérielle de Lutte contre les Sectes).
Lors de sa présidence, M. Georges Fenech, ancien magistrat qui s'était illustré notamment lors du procès de la Scientologie à Lyon, prit des initiatives heureuses et offensives contre les sectes, telles qu'elles apparaissent dans les rapports conçus et publiés sous sa présidence. Sur la base de ce travail, j'avais créé les conditions pour qu'il soit invité à faire une conférence au Grand Orient de France au temple Arthur Groussier, en 2009.
D'où ma réelle surprise à la lecture de la lettre qu'il adresse à la MIVILUDES, et dans laquelle il porte contre les FEMEN la très grave accusation de "secte" ! Je trouve son accusation incertaine, d'autant plus qu'il déclare dans un propos repris par le Nouvel Obs :
"Je ne serais pas étonné qu’on trouve des carences alimentaires, physiques, une privation de sommeil chez certaines des membres. Il faut de toute urgence ouvrir une enquête avant qu’il y ait un suicide ou des actes beaucoup plus graves."
Il a ou il n'a pas d'informations précises et corroborées sur ces dites "carences" ? Pourquoi en parler au conditionnel, c'est-à-dire en reconnaissant qu'il parle sans preuve ? L'emploi d'un tel procédé est étonnant de la part d'un magistrat à quelques jours d'un procès et dans le contexte de radicalisation de l’extrême droite et des valeurs "cathos-tradi".
Certes on l'a vu depuis son élection comme député UMP dans les sorties de la "Manif pour Tous", certes, on l'a entendu tenir des propos partisans. Mais pour un député, quoi de plus normal !
Bien sur, on pourra trouver que son parti ne sait plus exactement où trouver les frontières qui séparent théoriquement les républicains de ceux qui ne le sont pas. Mais lui ?
Encore plus surprenant est cette affirmation de la part d'un député de la République, lorsqu'il dit à FTV Info :
"C'est en réalité un groupement sataniste qui désacralise les lieux de culte, qui profane le domaine du sacré et qui dégrade l'autorité religieuse"
"Un groupement sataniste", rien que ça ! De plus, "qui dégrade l'autorité religieuse" !!
Doit-on rappeler à M. le député Fenech que le délit de blasphème n'existe pas dans le droit français sauf dans l'exception concordataire dite du "droit local" ? Voudrait-il l'introduire ?
Faut-il rappeler que depuis la loi du 9 décembre 1905, un parlementaire n'est pas juge de "l'autorité religieuse" au point de fonder une demande de dissolution de ce mouvement sur le motif qu'il la dégraderait ?
Non M. Fénech, décidément, autant j'ai apprécié travailler avec le président de la MIVILUDES pour les valeurs humanistes et émancipatrices qu'il y défendait, autant j'ai peine à entendre les propos du député...
Gérard Contremoulin
________________________________________________________________