Assumer notre engagement maçonnique.
Le jour de sa Réception dans la Franc-Maçonnerie libérale et a-dogmatique, l'impétrant promet de servir les idéaux laïques et républicains. Cet engagement se rappelle à nous aujourd'hui.
Quelles que soient nos options personnelles, et toutes sont respectables puisqu'elles caractérisent nos engagements citoyens, notre engagement maçonnique est d'une autre nature. Chacun voit bien que dans la situation actuelle, il pourrait bien offrir une voie vers une issue positive. A la condition d'observer quelques règles fondamentales.
De quelle nature est cet engagement ?
Servir la République.
Plus nous sommes différents, plus nous contribuons à construire dans nos loges une représentation de la société. Et plus nos travaux permettent de mettre nos compétences "profanes" au service de l'idéal républicain.
Il serait bien évidemment (beaucoup) plus confortable de se réfugier dans les postures oppositionnelles, lesquelles paraissent d'autant plus gratifiantes qu'elles sont plus radicales. Ces postures ressortent davantage d'un "romantisme révolutionnaire" délicieusement surrané que d'une perspective d'utilité sociale. Exeunt !
D'autant que l'ardente obligation de défendre les principes de la République nous conduisent à défendre les trois termes de sa devise. On peut comprendre une lecture juridique et politique des deux premiers termes.
Mais qu'en est-il du troisième ?
C'est l'occasion d'un rendez-vous avec nos fondamentaux.
Le "Grand débat".
Voulu par le Président de la République, ce "grand débat" se tiendra. Tout simplement parce qu'il est "le maître des horloges".
Dès lors, il ouvre, incontestablement, une nouvelle période dans le quinquennat. Et quoiqu'on puisse en penser, la question n'est pas centrée sur la seule personne du Président, mais bien sur la poursuite, voire la survie, du pacte républicain. Et c'est là que nous sommes interpellés.
Le citoyen a le choix entre diverses considérations, mais grosso modo, entre deux postures :
"Supercherie, grand bla-bla" pour les uns ; "acte deux du quinquennat" pour les autres, sur fond d'appels à peine voilés à la poursuite des "actes du samedi" des Gilets-Jaunes. Le Grand Débat s'invite dans le débat national.
Marine Le Pen a indiqué qu'elle s'inscrirait dans ce débat et, "dans le même temps" Jean-Luc Mélenchon décline l'invitation, le qualifiant de "supercherie".
Ce grand débat nous interpelle directement. Et quoique puissent en dire les différentes oppositions, tous les thèmes sont ouverts. à nous de nous en saisir.
En revanche, vouloir le boycotter revient à refuser de s'inscrire dans le jeu républicain. Cela rejoint les revendications de certains Gilets-Jaunes qui souhaitent réouvrir le débat sur la prise du pouvoir, jusque là inscrite dans la stratégie dite de "la voie démocratique". Parler d'insurrection traduit cette volonté.
Alors, nous francs-maçons ?
Pensons-nous que notre méthode maçonnique nous conduise à choisir forcément entre l'une ou l'autre des deux branches de cette alternative ? Devrions-nous nous satisfaire d'une telle opposition binaire ?
Non, bien évidemment.
Notre engagement est ailleurs, plus complexe, moins caricaturale, surtout pas manichéen.
Comment caractériser la situation actuelle ?
La situation dans laquelle notre société est entrée, quelle que soit la question posée, n'entraîne plus désormais que deux réponses possibles : le camp des "pros" et le camp des "antis" ! Belle affaire que ces positionnements qui ne contiennent aucune solution...
Cet état du pacte républicain est catastrophique, où tout "dialogue" est proprement impossible. Chaque acteur de cette cristallisation devra en rendre compte.
Or, compte tenu des enjeux de la situation que traverse notre pays, les francs-maçons -défenseurs de la République- ne peuvent méconnaître l'impérieuse nécessité de s'investir dans ce débat puisque le pacte républicain est interpellé. Certains même vont jusqu'à revendiquer de l'anéantir.
La méthode de travail maçonnique.
Elle ne se situe pas du tout dans ce type de positionnement. Etre pour ou être contre sont des attitudes qui se situent aux antipodes de la méthode de travail des francs-maçons. Ils ne placent pas leur identité dans cette caricature.
La tâche nous incombe de trouver des alternatives aux oppositions stérilisantes où l'objectif est d'obtenir la défaite des uns au profits des autres.
Le texte historique ci-dessous expose parfaitement les options de certains leaders politiques dans l'histoire.
L'actualité y ajoute toute son ironie...
/https%3A%2F%2Fwww.marxists.org%2Ffrancais%2Fimg%2Ftrotsky.jpg)
L. Trotsky - Oeuvres nov. 1922
1922 Un article d'abord publié dans les Cahiers Communistes. L'objectif était alors de parvenir à transformer le P.C.F. en parti réellement marxiste.Un texte qui n'a rien perdu de son actualit...
https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1922/11/lt19221125.htm
Regrettables.
Le choix des références s'amenuise comme peau de chagrin.
On entend la litanie des revanchards, celles et ceux qui veulent toujours rejouer le second tour de la présidentielle, s'acharner sur les commentaires autour du débat de Grand Bourgtheroulde.
Et la caractéristique de la période, les braking-news qui reprennent en boucle toujours les mêmes commentaires, atteste de la grande pauvreté des réactions, et souligne la caricature d'argumentation qu'offre l'opposition.
Nous ne pouvons accepter cet réduction du débat.
Que Faire ?
Ou plutôt, comment faire ?
Ce n'est pas tant à nos obédiences, à nos loges qu'à nous toutes et tous, individuellement, qu'il revient d'être porteurs des réflexions élaborées dans nos loges. A nous, dans nos loges de profiter des conditions qui nous sont particulières pour produire de la réflexion. A nos membres de les répercuter dans la société, à partir de leurs divers investissements, politiques, syndicaux, associatifs, sociétaux, partout où se tiendront le "Grand Débat".
A nous de nous en emparer, pour que nul puisse dire ensuite qu'il en était absent !
Gérard Contremoulin
__________________________________________________