La Tunisie vient d'élire ses 217 députés constituants.
Trois faits marquants : la très forte participation (4 tunisiens sur 5), la victoire du parti
islamique "modéré" Ennahda et les difficultés de la gauche laïque à se réunir. Mais l'appétit de démocratie exprimé ce dimanche, les enjeux d'une assemblée constituante sont des vecteurs
essentiels de la volonté populaire qui peuvent jouer le rôle de garde fou, pour le cas où...
Devant cette situation, issue d'une révolution démocratique dont nous partagions avec
enthousiasme les formes et les espoirs, et même si ce type de résultats inquiète nos vieilles démocraties, inquiétude amplifiée par la déclaration du voisin lybien de faire de la Charia la référence absolue en matière législative, peut-on pour autant se permettre
de critiquer, voire de s'ériger en juge ? On a vu et entendu, depuis dimanche, quelques beaux parleurs venir devant les caméras et nous délivrer leurs "messages"... Bon, fermez le
banc !
Le principe d'autodétermination des peuples est un principe fondamental qui garantit
leur liberté et leur souveraineté. C'est l'honneur des démocrates de le respecter. Mais c'est aussi leur devoir de rester vigilants sur les principes fondamentaux des droits de l'Homme, sur
le respect des libertés individuelles et collectives. Une contradiction peut naître entre ses deux principes et ce sera tres certainement le cas. Alors, il y a un juge de paix, c'est la
nature du débat qui se déroule dans le pays concerné.
L'Assemblée constituante tunisienne va se mettre très prochainement au travail. Et les
démocrates de tout pays vont avoir, sous leurs yeux, le travail des constituants. C'est sur la base des arguments échangés -et chacun pourra se faire son opinion- que la nouvelle
Constitution s'écrira par les représentants que le peuple tunisien s'est donné. La construction de la démocratie est un processus et la nôtre a mis plus d'un siècle pour donner sa pleine réalité
avec le vote des femmes le 21 avril 1944 !
Il est utile, maintenant de tenter de mieux connaître la réalité politique née de la
révolution. LCP-AN (La Chaine Parlementaire - Assemblée Nationale) a invité le
député constituant Selim BEN ABDESSELEM,
du parti ETTAKATOL (Forum Démocratique pour le Travail et la Liberté), élu sur l'une des deux circonscriptions réunissant les tunisiens vivant en France ainsi qu'un
représentant du parti ENNAHDA.
Nous essaierons de suivre ce travail capital pour la démocratie tunisienne.