GLMU, Alain Tirard nouveau Grand-Maître

Le Convent de la Grande Loge Mixte Universelle s'est tenu du 9 au 11 octobre.

Alain Tirard a été élu à la Grande-Maîtrise.

Voici le texte de l'intervention du nouveau Grand-Maître Alain Tirard.

Avant toute choses, je tiens à adresser nos pensées les plus fraternelles et amicales à Pierre, Helene, Christine et Jean qui quittent le Conseil de l'Ordre cette année après avoir rempli pleinement leurs mandats, rendus d'éminents services à l'obédience et qui m'ont enrichi de leurs connaissance et de leur fraternité. Merci à vous quatre, notre affection continuera à vous entourer.

GM et GMaitresses, Dignitaires qui décorez l'orient et qui nous procurent l'immense plaisir et honneur de nous accompagner pour la clôture de ce convent, Chers Frères etSoeurs qui aspirez maintenant à un moment d'union, et de sérénité pour conclure un convent riche et animé, notre souhait à tous est maintenant de dire la fraternité qui unit chaque individu que nous sommes.

Il est vrai que chacun d'entre nous, chaque individu chaque homme est unique, différent des autres, lui même changeant au décours de sa vie.

Néanmoins, et n'en déplaise aux tenants de l'idée que tout homme serait une fin en lui même ce qui justifierait la quête égoïste du bonheur dans un bon système capitaliste, c'est une réalité que l'homme est un animal constitutivement social et ne sachant vivre qu'en se situant par rapport aux autres. Cette interaction avec les autres peut, certes chez certains s'exprimer d'une façon négative par l'égoïsme, mais on sait que c'est l'altruisme qui a été une des conditions de l'évolution de l'espèce humaine. L'altruisme, lorsqu'il s'étend même aux individus non apparentés, est une caractéristique spécifique à l'homme. C'est pourquoi, notre Fondatrice, Eliane Brault considérait l'altruisme à égalité avec le courage, la générosité et l'ambition créatrice, comme une valeur transcendante au service de notre idéal.

L'altruisme s'oppose à l'égoïsme de compétition ou d'indifférence dans lequel nos sociétés essaient de pousser les hommes à s'enfermer.

Si nous voulons que le monde change, que l'individu ne soit pas un simple consommateur, dans une société du "chacun pour soi" il faut réintroduire dans nos sociétés actuelles, des valeurs qui sont le propre de l'homme et que nous avons négligées telles que l'altruisme. Il est urgent dans nos entreprises, nos écoles et nos universités de réaffirmer que l’égoïsme est un vice conduisant à la perte de l’intérêt collectif dont nous avons besoin pour pouvoir survivre ensemble et transmettre aux générations futures un monde meilleur.

Mais transmettre cette obligation de s'intéresser à l'autre doit s'accompagner quelques précautions. Le besoin de la relation aux autres créée un besoin d'appartenance à un groupe qui, s'il n'est pas pris en compte et éduqué, peut conduire à des regroupements prônant des formes d'exclusion d'autres groupes; c'est le communautarisme, le racisme ou le sexisme, etc.. Nous devons donc aussi contribuer à une éducation du besoin d'appartenance en montrant la valeur universelle des élans du cœur et de la pratique de la raison  de façon à conduire les hommes à une conscience de l'universalité de leur condition.

Certains adoptent une solution qui leur parait simple et qui consiste à faire prendre conscience aux hommes de leur appartenance à la communauté humaine par le biais de l'affirmation d'un créateur. Au nom de ce créateur, on édifie des religions présentées comme nécessaires à répondre aux questionnements profonds des hommes et au maintien d'une morale publique fédératrice. Néanmoins, l'histoire nous l'a enseigné, cette prise de conscience n'est pas possible dès lors qu'il existe plusieurs religions qui s'opposent, ou dès lors qu'une religion entend faire prévaloir ses options morales sur la loi de l'état, car les dogmes ne se discutent pas à l'aide de la raison mais s'imposent par la contrainte.

Le seul remède connu est la tisane de la laïcité. C'est dans le cadre de la laïcité et seulement dans ce cadre que peut se discuter le bien commun car la réflexion sur le bien commun exige d'être débarrassé des dogmes et de laisser libre cours à la raison. C'est une base fondamentale du fonctionnement républicain.

La GLMU s'inscrit dans un mouvement historique de la Franc-maçonnerie pour la liberté de conscience qui a commencé en affirmant, la liberté de choisir sa religion (protestants ou catholiques) sous les auspices d'un Grand Architecte de l'Univers, puis en supprimant l'obligation d'invoquer ce Grand Architecte de l'univers (merci le GOB et le GODF) puis en s'impliquant de plus en plus dans la volonté de donner toute leur place aux principes de laïcité et de liberté absolue de conscience dans la vie de la société.

La GLMU s'inscrit aussi dans un mouvement historique et démocratique qui a mené des obédiences comme la GLSE maintenue, obédience trop tôt disparue, à laquelle appartenait une personne qui nous est chère: Louise Michel à des revendications sociales avant-gardistes pour l'époque.

Ces 2 filiations font qu'à la GLMU, l'autorité est celle des loges bleues, la mixité des loges est strictement obligatoire,  l'engagement des SS et FF à s'investir dans la cité afin de devenir des citoyens responsables est fortement recommandé, les valeurs républicaines ne sont pas simplement l'objet d'une approbation mais aussi d'un combat permanent.

Nous voulons participer activement aux débats menés par les associations laïques avec beaucoup d'entre vous, nous prônons l'engagement dans le combat pour une mixité de fait et non simplement de droit, nous voulons plus de solidarité, nous voulons un militantisme engagé dans la défense et la promotion de la liberté de conscience partout et en toutes circonstances.

Mais tous ces engagements, qui quelquefois marquent nos différences avec d'autres obédiences, ne nous font pas oublier ce qui nous unit tous, nous les Francs-maçons c'est à dire :

- le pari de la perfectibilité de l'homme

- la conviction que les hommes ont entre leurs mains l'avenir de l'humanité; que leur responsabilité est entièrement engagée dans leur avenir

- la conviction que nous pouvons progresser par la méthode maçonnique qui repose sur le symbolisme et le travail en commun dans une relation fraternelle plutôt que par des leçons professorales.

Et puis, nous partageons cette belle devise "liberté égalité fraternité" et si la liberté et l'égalité sont des notions à partir des quelles se construisent les lois qui concrétisent les droits de l'individu, il faut donner une place à part à cette fraternité à laquelle nous sommes si attachés car elle impose à l'autre une relation basée sur l'empathie et la sympathie, sur l'altruisme. La fraternité, c'est ce qui donne une consistance concrète à cette qualité naturelle qu'est l'altruisme, c'est ce qui donne à l'individu la possibilité d'exister dans la vie sociale, c'est ce qui permet à  l'individu d'interagir avec l'autre d'une manière constructive dans la vie sociale, de coopérer avec l'autre. En bref, c'est ce qui consolide le lien social et c'est ce dont nous avons le plus besoin maintenant.

         Nous sommes maintenant, avec d'autres obédiences européennes engagés dans des combats communs pour la dignité des hommes (actuellement en particulier sur les migrants), pour la liberté, pour plus d'égalité et de fraternité et pour faire progresser la laïcité, un peu partout mais en particulier dans les institutions européennes (à travers l'AME).

Je nous souhaite à tous que nos efforts soient couronnés de réussites et je vous remercie chers dignitaires des obédiences amies pour le soutien que vous êtes venus nous apporter aujourd'hui et je compte sur vous mes Soeurs et Frères pour faire vivre les idéaux de la GLMU.

GC

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