A la condition d'en bien maîtriser le dosage, l'ajout de vinaigre dans une mayonnaise naissante donne
un résultat succulent, onctueusement acidulé et ce risque calculé ajoute du panache à la réussite de l'entreprise...
En effet, par un communiqué du 18
décembre, 5 Grandes Loges Françaises indiquent :
Ce jour, la Grande Loge de France, la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique
Opéra, la Loge Nationale Française, la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française et la Grande Loge Indépendante de France, Obédiences maçonniques régulières françaises, se sont
réunies.
Partageant les mêmes critères de régularité et s’inscrivant dans la Tradition Maçonnique Universelle, elles sont convenues de mettre en chantier la constitution d’une Confédération, marquant
leur volonté d’une recomposition du paysage maçonnique français conformément à la déclaration de Bâle.
Fait à Paris, ce 18 décembre 2012.
Signé par :
Le Grand-Maître de la GLDF, Marc Henry, Le Grand-Maître de la GLTSO, Jean Dubar,
Le Président du Conseil National de la LNF, Robert Guinot,
Le Grand-Maître de la GL-AMF, Alain Juillet,
Le Délégué Fondateur de la GLIF, Alexandre Douénia
C'est clair, ces cinq obédiences, dont deux viennent de naître de la crise de la GLNF, ont choisi de créer une
confédération pour répondre aux conditions de Bâle !
.
La déclaration énonçait des critères très stricts pour que Londres puisse lui attribuer la reconnaissance de
régularité, retiré à la GLNF par la GLUA !
"les critères de la régularité traditionnelle (à savoir l’invocation du Grand
Architecte de l’Univers, la présence sur l’Autel des Serments des Trois Grandes Lumières, l’Equerre, le Compas et le Volume de la Loi Sacrée qu’est la Bible par référence à la Tradition, et la
non mixité des travaux initiatiques), quels que soient les rites pratiqués."
Et, fidèle à son optimisme, somme toute assez prosélyte, Jean-Laurent ajoute :
"On peut raisonnablement estimer que cette confédération, si elle était créée
aujourd’hui, regrouperait plus de 53 000 frères (estimation basse).
Ainsi soit-il !
Néanmoins, cette formule confédérale mérite que l'on s'y arrête.
Parmi les fameux critères, trois d'entre eux ne sont plus mentionnés, bien qu'ils semblent
incontournables et pour la déclaration de Bâle et pour la GLUA :
- la rupture des liens qui rattachent la GLDF à celles des obédiences de la
Franc-Maçonnerie Française qui sont considérées comme irrégulières (GODF, DH, GLFF, GLMU, GLMF, GLF-MM).
Concrètement, il s'agit d'interdire aux Frères des Orients de province de ces 5 obédiences de fréquenter les autres
obédiences, visites et locaux. Or, pour ce qui concerne la seule GLDF, 3.000 frères sont hébergés dans des locaux du GODF. Compte tenu des usages de la Franc-Maçonnerie, n'y a-t-il pas, là,
comme un petit problème...
- la séparation entre les ateliers symboliques et les hauts-grades (les "side degrees"
anglais).
.
De ce point de vue, la GLDF n'est pas
d'équerre puisqu'elle entretient un lien institutionnel étroit entre l'ensemble des grades, du 1° symbolique au dernier, sommital, du rite.
- la pluralité des rites. De même, elle ne pratique qu'un seul et unique rite :
le REAA.
Et malgré cela, le processus de Bâle se poursuit ! C'est là où les raisons d'un choix "confédéral" dessinent
des pistes de réponse : offrir une possibilité de contourner les difficultés nées des spécificités
historiques de la GLDF pour remplir les fameux critères.
La "confédération", à la différence de la "fédération", est un espace juridique dans lequel chaque composante
conserve souverainement l'exercice de certaines compétences, qu'elle détient en propre et où certaines autres sont transférées à l'échelon central qui les exercent tout aussi
souverainement.
Cette "collaboration" pourrait conduire à mettre en place une séparation des rôles. De sorte que pourrait être confié à l'échelon national les compétences qui correspondent aux critères de Bâle...
Mais, pense-t-on que Londres puisse se laisser ainsi ... troubler ? Il serait bien hardi de le penser !
Pense-t-on que Londres pourrait déroger à la règle des origines des obédiences régulières qui doivent être elles-mêmes
exclusivement issues de Grandes Loges Régulières ?
Or la GLDF est issue, en 1894, du "Suprème Conseil de France", juridiction de Hauts Grades comprenant 25
chapitres, mais comprenant aussi des loges symboliques regroupées en "Grande Loge Centrale du Suprème Conseil de France". Cette dualité d'origines n'est pas un mince problème...
Dès lors, peut-on tout simplement imaginer que Londres attendra quelques temps pour réenvisager ses relations avec la
GLNF, le temps qu'elle retrouve sereinement sa voie ? C'est probablement plus conforme aux principes selon lesquels l'obédience de "Brother Edward" a coutume d'agir... Voilà pour la
régularité.
Par ailleurs, tout ce qui permet de réunir
ce qui est épars est bon pour la Franc-Maçonnerie. Une telle confédération peut être un atout important.
Jean-Laurent estime que le processus est en bonne voie : "si l’on ne tente pas –
de l’extérieur - de surajouter à des problèmes qui n’existent pas, des rumeurs et des fantasmes imaginaires." Tiens ! Mais qui pourrait donc bien chercher
à "surajouter" quoique ce soit ?
D'autant qu'il reste deux problèmes non négligeables et dont cette confédération ne veut pas entendre
parler. L'acceptation des soeurs et l'initition des femmes et la référence à une Vérité d'Ordre Supérieur, une Vérité révélée : le GADLU et Dieu
!
De ce double point de vue, la Franc-Maçonnerie libérale et adogmatique ne se sentira jamais concernée par un tel
regroupement...
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Et, je ne comprends toujours pas pourquoi cette démarche de régularité fait encore autant courir à la GLFF !
.
On le voit, le dosage de vinaigre va demander la plus grande dextérité...
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Gérard Contremoulin
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