Sous la Voûte étoilée a 5 ans !
Sous la Voûte étoilée est né le 8 septembre 2010, quelques jours après le convent du Grand Orient de France pour proposer aux lecteurs le point de vue d'un frère "de la rue Cadet" sur la vie maçonnique.
Cinq années d'activité, ce sont 458 pages, 1.236 articles écrits et 1.138 publiés, répartis en 25 rubriques (dites "catégories" dans le vocabulaire over-blog), ayant suscités 5.457 commentaires.
Dans ces commentaires, quelques "fraternelles" inimitiés se sont cristallisées au fil des publications, tant la liberté de penser, la liberté de ton semble assez mal appréhendées dans notre monde "fraternel" plus souvent "bisounours" que réaliste ! Inimitiés très largement compensées par de solides collaborations, la naissance d'amitiés et même la participation à la fondation d'une nouvelle loge au Grand Orient de France : "L'Europe des Lumières" pour l'une d'entre elles.
Cinq années d'une expérience dont ce serait peu dire qu'elle fut édifiante. Explorer le domaine de l'investigation, se confronter au contrôle -toujours imparfait- des sources et aux inévitables ratés ; se retrouver devant "la page blanche" alors que la tête fourmille d'idées, résister parfois à l'envie de faire un "bon mot" ; passer du temps sur le choix des mots ; bref se mesurer au défi de l'écriture, à la recherche de l'iconographie, du temps passé vers la meilleure adéquation volonté du texte/illustration...
Cinq années de découverte in situ de cette situation nouvelle de "blogueur". Assumer l'envie de s'exprimer par l'intermédiaire d'un nouveau média ; travailler sur de l'information sans avoir la formation de journaliste ; oser écrire en sachant que l'on va être lu, entrer d'une certaine manière dans l'arène du débat public ; dire, enfin, que l'on est franc-maçon et que l'on a rien à cacher. Pas si simple...
Cinq années à conquérir, article après article, réponse aux commentaires après réponse aux commentaires, une audience auprès des frères, des soeurs et des profanes. Car Sous la Voûte étoilée se définit aussi comme un blog ouvert à tous.
Cinq années à faire connaître et parfois re-connaître cette démarche auprès des exécutifs obédientiels qui, faut-il le reconnaître, n'ont de prime abord qu'une accumulation de réticences... Ce fut intéressant de suivre l'évolution contrastée de ces relations avec parfois des allers-retours au fil des articles, mais aussi des amitiés basées sur le respect.
Classement des articles.
Pour faciliter la navigation, les articles sont répartis en 25 rubriques dont on peut présenter le bilan suivant :
Obédiences : 228,
Laïcité-Religions : 198,
Réflexions-Conférences - TBO : 119,
Dérives sectaires : 93,
Droits de l'Homme : 89,
Culture-Musique-Cinéma-Théâtre : 85,
Régularité-Mixité : 67,
Mémoire : 52,
Valeurs républicaines : 36,
Presse-Livres-Revues : 30,
Formation et Histoire maçonniques : 26,
Extrême droite : 23,
Europe et International : 20,
Antimaçonnisme : 19,
Blogosphère : 16,
Evènements maçonniques : 15,
Humour : 12,
Politique et Institutions publiques : 12,
Notes d'humeur : 11,
Solidarité : 7,
Voeux : 5,
L'Après 7 janvier : 2,
Education Populaire : 1,
Liberté d'expression : 1,
Témoignage : 1.
Et manifestement, l'actualité pousse à ouvrir une 26° rubrique en reprenant "Laïcité-Religions" pour en distinguer les "Fondamentalismes".
Ligne éditoriale.
Elle ne se veut pas tiède. Ni "Voix de son Maître" ni chevalier blanc ni pourfendeur systématique, Sous la Voûte étoilée est une voix indépendante, une voie à l'écart des génuflexions. Comme le dit Michel Onfray, "Je n'en veux pas aux agenouillés, mais aux agenouilleurs"...
La plupart des articles mis en ligne ici sont republiés sous la forme de "posts" sur la page du groupe Facebook éponyme. C'est un groupe public, c'est-à-dire ouvert à tous ainsi que sur deux ou trois autres groupes dits "secrets", c'est-à-dire réservés aux francs-maçons, soeurs et frères.
Dans chaque cas, il s'agit d'écrire non "au nom de telle ou tel" mais de soi-même. Il serait probablement beaucoup plus confortable de servir de porte parole, de relai plutôt que d'avoir à assumer sa propre parole. Et si je conserve une estime réelle pour les membres des exécutifs obédientiels, je ne me fixe comme limite que le respect des personnes, me réservant de pouvoir discuter des idées ou des projets exprimées avec une réelle liberté de ton. "Paradoxalement" s'agissant de francs-maçons, ça n'a pas plu à tout le monde !
La vie interne des obédiences ne m'intéresse pas, d'autant moins que pour les discuter encore faudrait-il avoir à la vivre. Par contre, je me sens directement concerné par tout ce qui peut conduire à modifier les relations interobédientielles. Là, je ne m'interdit aucune investigation. On l'a vu à propos de cette obligation de l'Appel de Bâle conduisant à devoir "rompre sans ambiguité avec les obédiences non régulières". Je reconnais que je ne me suis pas ménagé...
Secret et serment maçonniques.
Sous la Voûte étoilée affirme dès sa page d'accueil qu'il n'y a rien à cacher. Cette affirmation pourrait apparaître comme une provocation. Il n'en est rien. C'est une "profession de foi". La Constitution du Grand Orient de France proclame que le franc-maçon "travaille à l'amélioration de l'Homme et de la Société". Cette relation dialectique qui définit les conditions du travail maçonnique du point de vue libéral
On peut donc, tout à fait légitimement, la croiser avec deux notions, celle de "secret maçonnique" et celle de "serment maçonnique".
Secret.
Considèrer qu'il n'y a rien à cacher en franc-maçonnerie et rester fidèle à ses engagements c'est respecter deux réserves : le secret d'appartenance et le secret des délibérations. Dans mes écrits, je me tiens donc au respect du choix personnel de tout maçon en ne révélant pas son appartenance et à la liberté totale d'expression en loge en ne révélant pas qui dit quoi.
S'il m'arrive de parler de la qualité maçonnique de quelque personnage médiatisé, c'est toujours à partir de son propre "outing". Par exemple, c'est le cas de Brigitte Barèges, dont le dossier confirme, s'il en était besoin, l'aphorisme de Michel Audiard "On ne devrait jamais quitter Montauban !"
Serment.
Considérer qu'un franc-maçon peut (voire doit, dans mon cas) s'occuper de communication ouvre un chantier de réflexion encore en friche aujourd'hui ! L'apprenti franc-maçon, lors de sa réception dans la loge, s'engage à ne rien révéler sur ce qu'il a vu et entendu sans en avoir éventuellement reçu l'autorisation et dans les formes qu'on lui aura prescrites. Deux conclusions : la communication n'est pas impossible mais elle ne peut qu'être contrôlée.
C'est une difficulté que l'on retrouve dans chaque obédience avec l'existence de deux grandes orientations. L'une consiste à désapprouver toute action de communication au motif que la franc-maçonnerie consiste d'abord et avant tout à travailler sur soi, dans le secret des loges et l'autre qui regrette qu'il n'y ait pas assez de communication, estimant que la franc-maçonnerie doit travailler "à améliorer à la fois l'Homme et la Société", simultanément, dans un ensemble dialectiquement lié.
Cinq années donc à parler de la franc-maçonnerie en mesurant la difficulté de le faire alors que les obédiences n'ont pas fait leur aggiornamento en matière de communication ; en sachant que les articles circuleront PARTOUT dès leurs mises en ligne ! Ca n'a l'air de rien, mais que d'hésitations, de relectures, de re re re consultations de "l'aperçu" avant d'appuyer sur "Enter"...
Cet aggiornamento semble d'autant plus nécessaire aujourd'hui que se confrontent cette immédiateté de l'information dans la société et le souci des francs-maçons de rester "discrets". Peut-on se satisfaire encore longtemps d'une obligation qui conduirait à ne rien dire et à laisser -de facto- la parole à nos seuls détracteurs ?
A la demande de la revue Critica Masonica et de son rédacteur en chef Jean-Pierre Bacot, j'ai écrit un article sur la naissance du blog, qui a été publié dans le n° 3.
Le voici :
1742. Gravure satirique représentant des francs-maçons où l’on peut distinguer les principaux symboles maçonniques.
Cinq années désormais révolues !
Je n'ai qu'un souhait : pouvoir poursuivre cette tâche qui se révèle de plus en plus passionnante à mesure que j'en découvre les contours ... mais dont je mesure les difficultés.
La liberté d'expression, si elle est un droit constitutionnel, comme toute liberté, a des limites. Ici, celles de la loi de juillet 1881, ses multiples amendements et la jurisprudence fleuve que son application a généré. Pour un franc-maçon, elle se mesure d'une part au respect de la dignité humaine en toute circonstance et d'autre part à la conception que l'on se fait de la liberté de débattre, donc d'être informé, sur tous les sujets qui concerne ce respect de la dignité humaine.
Oui, vraiment, cinq années édifiantes.
Je vous remercie de votre soutien.
Gérard Contremoulin
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