Ecrire en Franc-Maçonnerie... Pourquoi. (1/2)
Pourquoi des franc-maçons écrivent-ils ?
Ne dit-on pas que la Franc-Maçonnerie est "secrète" ? Certains modèrent le propos en disant qu'elle est "discrète" et d'autres enfin, assument de se dire francs-maçons en annonçant n'avoir rien à cacher. Je suis de ceux-la depuis les débuts de ce blog en septembre 2010 !
La question du "secret".
Elle est aussi vielle que la Franc-Maçonnerie obédientielle. La première "divulgation" date de 1730 avec la "Masonry dissected" (comprenons "La Maçonnerie examinée") de Samuel Prichard. Elle constitue un document essentiel pour la connaissance dès débuts de la Franc-Maçonnerie, y compris donc pour les francs-maçons.
La question du secret maçonnique n'a pas le même statut selon qu'elle est posée dans un pays qui a subi une occupation et ceux qui n'en ont pas subi.
Un bref regard sur la situation de la Franc-Maçonnerie aux USA suffit à montrer cette différence.
Ou encore cette offre parue sur un site américain pour personnaliser maçonniquement le paillasson devant votre porte d'entrée :
En Europe, en revanche, là où le nazisme a cruellement sévi, la question du secret était une question de vie ou de mort. Pour ce qui concerne les effectifs du seul GODF, ils étaient de 30.000 en 1939 et de 7.300 en 1945.
Soixante seize ans après la Libération, il faut comprendre pourquoi la question continue de se poser. Deux perspectives de réponse.
L'une s'appuie sur le secret pour justifier une démarche intime, personnelle, centrée sur l'amélioration de soi. Dans cette perspective, la question du secret s'entend comme un tout, non sécable.
L'autre s'appuie sur l'identité Grand-Orientale et met en avant l'extériorisation des travaux maçonniques. Le Secret ne s'entend alors que sous une triple définition :
- le secret maçonnique en lui-même : ce que je vis en loge n'est pas "communicable" au sens où je n'arriverai jamais à retraduire ce que j'y vis ;
- le secret d'appartenance : je ne peux révéler à quiconque la qualité " maçonnique" de tel ou tel ;
- le secret des délibérations : si je peux, voire dois, extérioriser les résultats des débats tenus en loge, je ne peux pas, en revanche, révéler les auteurs des propos.
Fort de ces définitions, pourquoi alors écrit-on lorsque l'on est franc-maçon ?
Pour une simple raison : transmettre !
C'est du moins ma conviction. Au seuil de quarante d'années de pratique maçonnique, tant en ateliers bleus qu'en chapitres des Ordres de Sagesse du Rite Français et, pour une petite durée, dans une Atelier de Perfection du REAA, il me semble légitime de retransmettre mon expérience.
Il ne s'agit pas d'imposer une quelconque loi issue d'un monde d'ordre supérieur, une quelconque ligne de penser et/ou de référence destinée à faire de la Maçonnerie un façonnage de la pensée.
Loin de là, l'expérience du Rite Français m'a résolu à placer comme source émancipatrice, la Raison. Celle que Les Lumières ont mis en évidence et que Roettiers de Montaleau et les frères qui l'ont accompagné, ont mis en scène dans un Rite en sept grades "plus un", qui nous sert toujours aujourd'hui de grammaire de travail incontournable pour construire une maçonnerie susceptible de relever les défis du XXI° siècle.
Cette maçonnerie, que les modernes nous ont léguée, mêle la démarche initiatique intime et l'engagent citoyen, par delà les scories politiciennes qui polluent les réflexions.
Il fallait une maçonnerie qui puisse rendre compte de ce projet social. Le Grand Chapitre Général de France, sous la présidence de Roettiers de Montaleau, s'y est attaqué.
C'est cette expérience qui fait l'honneur du Rite Français, dont nous avons à rendre compte aujourd'hui.
Voilà pourquoi, au terme d'une expérience maçonnique de quarante années, au cours desquelles j'ai exercé quelques responsabilités, j'imagine la possibilité d'écrire sur l'Institution et d'apporter mon témoignage sur ce que j'y ai vécu. Pour mes frères, pour mes soeurs, tous unis dans une chaîne fraternelle progressiste.
Les Ordres de Sagesse sont une prodigieuse école de la hiérarchie des devoirs. C'est cette étude qui est à l'ordre du jour des ouvrages que j'ai commis.
Gérard Contremoulin
__________________________________