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Le Blog pour Tous d'un franc-maçon. "La loi morale au fond de notre coeur et la voute étoilée au dessus de notre tête". Emmanuel Kant Les pseudonymes ne sont plus acceptés pour les commentaires. (4.11.2018)

20 Jun

République, Démocratie et Ordre maçonnique. 1/3

Publié par Sous la Voûte étoilée  - Catégories :  #Réflexions - Conférences - TBO

 Le Serment du Jeu de Paume - Jacques-Louis DAVID

Le Serment du Jeu de Paume - Jacques-Louis DAVID

"Améliorer à la fois l'Homme et la Société" est l'un des idéaux auquel travaillent les francs- maçonnes et les francs-maçons de la Franc-Maçonnerie libérale et notamment au Grand Orient de France, quels que soient leurs grades, avant et après la maîtrise.

 

Depuis trois siècles, notre mémoire citoyenne et les expériences historiques qui la constituent, conduisent à confondre parfois les deux termes de République et de Démocratie, à employer l'un pour l'autre. Ce sont pourtant deux notions qui ne se superposent pas.

REPUBLIQUE ET DEMOCRATIE.

 

On a appelé « République » le régime qui a suivi l’abolition de la Royauté le 21 septembre 1792. Mais cette opposition à la monarchie mettra du temps à se stabiliser puisqu’en 1804 Napoléon se proclamera encore « Empereur de la République Française » !

 

La République.

 

La République est le régime politique où les fonctions de Chef d'État procèdent d’une élection. L’amendement d’Henri Wallon, adopté le 30 janvier 1875, d’une seule voix, fixe la durée du mandat du Président de la République a sept ans. Ce faisant, il installe la République dans la Constitution.

Place de la République à Paris

Place de la République à Paris

 

La République est aussi un système institutionnel :

- qui garantit les principes de sa devise et la Liberté de Conscience,

- qui se dote d’un corpus de valeurs, d’un appareil constitutionnel autour des Principes Généraux du Droit,

- et d’une administration chargée de la mise en œuvre de l’Intérêt Général.

 

Et lorsque l’article 89 de la Constitution parle de la «forme républicaine du gouvernement», c’est pour stipuler qu’elle «ne peut faire l'objet d'une révision.»

 

L’un des principes fondamentaux de la République, lié à l'exercice des droits républicains, concerne l’égalité d’accès de tous les citoyens ... (aux services publics, aux soins, à la Solidarité Nationale, etc.).

 

La Démocratie.

 

La démocratie est le régime politique dans lequel le peuple est souverain (même si cette notion renvoie plutôt à celle de citoyens, la citoyenneté n'étant pas forcément accordée à toute la population (cf. les non nationaux hors pays membres de l'UE lors des élections municipales).

 

Selon la célèbre formule d'Abraham Lincoln, la démocratie est «le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». C'est l'une des définitions canoniques couramment reprise, notamment dans la Constitution de 1958. Cette définition est proche du sens étymologique du terme démocratie.

République, Démocratie et Ordre maçonnique. 1/3
République, Démocratie et Ordre maçonnique. 1/3

 

Cependant, elle reste susceptible d'interprétations au regard de la diversité des régimes politiques qui se sont revendiqués et qui se revendiquent comme démocratie.

 

Démocratie directe

La souveraineté du peuple s'exerce par le peuple lui-même à travers des assemblées populaires, cf. l’Agora.

 

Démocratie participative :

Les décisions font l'objet d'une consultation-concertation dans des formes diverses, préalablement à la prise de décision par une instance décisionnaire.

 

Démocratie représentative :

La souveraineté du peuple s'exerce par ses représentants, dument élus.

 

Démocratie populaire :

Ce serait à peu près la même définition si le débat politique n’était réduit au parti unique, réputé être « l’intellectuel de (la) classe » !

 

DU FONCTIONNEMENT INSTITUTIONNEL

Le terme de démocratie sert aussi à qualifier le fonctionnement de tout corps ou organisation sociale. Un fonctionnement démocratique repose sur l'égalité des membres du groupe ; sur des procédures de délibérations ; sur la désignation de ses dirigeants par le mécanisme de l’élection. L’exemple de ce fonctionnement le plus plébiscité par les français est l’association de la loi de 1901.

 

Arrêtons-nous sur l’outil essentiel du processus de la prise de décision : le vote.

 

Première question : qui peut voter ?

Suffrage universel ou suffrage censitaire ?

 

Les grecs, réputés inventeurs de la démocratie, ne laissaient pourtant voter ni les femmes ni les esclaves.

 

Et plus récemment, notre culture républicaine pourrait laisser penser que cette question n’a pas de sens. Ce serait oublier qu’il aura fallu attendre l’ordonnance du 21 avril 1946 pour que les femmes puissent voter et le référendum du 6 novembre 1962 pour élire le Président de la République au suffrage universel direct.

 

Cette réforme fut d'ailleurs violemment combattue, notamment par le frère Gaston Monnerville, président du Sénat, et il faut bien reconnaître que certains arguments subsistent encore, comme celui de savoir si l’universalité du suffrage est nécessairement souhaitable en toute circonstance...

 

 

République, Démocratie et Ordre maçonnique. 1/3

 

Concevrait-on, par exemple, d'attribuer un diplôme par un vote ?

- Oui s'il s'agit d'un jury, composé de spécialistes de la matière concernée,

- Non s'il s'agit d'un collège plus large.

 

 

Deuxième question : du paraître à l’être…

Si une décision repose sur un vote, encore faut-il s’assurer que chaque citoyen est ou a été, convenablement "éclairé" sur les différents éléments du choix qu’on lui demande de faire, sur les projets précis qui lui sont soumis, etc.

Or, l’information, l’explication des éléments du choix est aussi un enjeu où chaque protagoniste tente de présenter ses options sous le meilleur aspect.

 

Il faut donc aller chercher au-delà des apparences.

 

L’allégorie de la Caverne de Platon résume l’exercice de la condition humaine dans son rapport à la connaissance.

République, Démocratie et Ordre maçonnique. 1/3

« Figure-toi , écrit Platon, des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière ; ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu’ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête ; la lumière leur vient d’un feu allumé sur une hauteur, au loin derrière eux ; entre le feu et les prisonniers passe une route élevée : imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux, et au-dessus desquelles ils font voir leurs merveilles. »

Platon, La République, livre VII

 

De sorte qu’ils ne voient, qu’ils n’ont jamais vu que des ombres, les conduisant à penser qu’au dehors, les êtres sont ainsi fait.

 

Jusqu’au jour où l’un des prisonniers est conduit à la lumière du jour, et là, il voit les objets naturels et le soleil tels qu’ils sont réellement. D’abord aveuglé, il sera, par la suite, heureux de cette connaissance et ne voudra pas retourner en esclavage.

République, Démocratie et Ordre maçonnique. 1/3

 

« Figure-toi , écrit Platon, des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière ; ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu’ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête ; la lumière leur vient d’un feu allumé sur une hauteur, au loin derrière eux ; entre le feu et les prisonniers passe une route élevée : imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux, et au-dessus desquelles ils font voir leurs merveilles. »

Platon, La République, livre VII

 

De sorte qu’ils ne voient, qu’ils n’ont jamais vu que des ombres, les conduisant à penser qu’au dehors, les êtres sont ainsi fait.

 

Jusqu’au jour où l’un des prisonniers est conduit à la lumière du jour, et là, il voit les objets naturels et le soleil tels qu’ils sont réellement. D’abord aveuglé, il sera, par la suite, heureux de cette connaissance et ne voudra pas retourner en esclavage.

 

Et, si par souci d’émancipation de ses semblables, il retourne quand même dans la caverne, il n’y distinguera d’abord que peu de choses, ses yeux s’étant habitués à la lumière. Puis, il expliquera à ses anciens compagnons l’erreur qu’ils commettent à prendre pour réalité ce qui n’est en fait qu’illusion. Mais ils le prendront pour un fou et tenteront probablement de le punir pour de telles affirmations.

 

Dans une prise de décision, particulièrement dans une consultation électorale, qu’est-ce qui emporte notre choix ? Nos sensations, notre « vécu » ou nos idées, produits de notre réflexion ? Et comment notre expérience de la vie influence-t-elle notre raison, notre libre-arbitre ?

 

Savoir pour choisir.

Une petite anecdote : dans les congrès syndicaux anglo-saxons, les orateurs se répartissent derrière des micros placés en différents endroits de la salle. Le président donne la parole alternativement aux uns et aux autres. A tous moments, un délégué peut s’adresser au Président et lui dire qu’il se sent suffisamment informé.

Le président consulte alors les congressistes et si une majorité est d’accord, le débat est clos, quel que soit le nombre restant d’orateurs !

 

Cette autre anecdote.

Le lendemain du Brexit, le 25 juin 2016, Google Trends, c’est-à-dire l’analyse des tendances des recherches sur Google, a observé que trois questions étaient posées depuis le matin même :

1. C’est quoi le Brexit ?

2. Quelles en sont les conséquences ?

3. Maintenant qu’il est voté, qu’est-ce qui va se passer ?

 

Alors on est en droit de se poser cette question paradoxale, à cent lieues du politiquement correct : la majorité a-t-elle toujours raison ? 

 

Comment s'assurer, cette fois-ci dans la société, si les citoyennes et les citoyens sont "suffisamment" informés ?

 

En bon citoyen, l’électeur va faire cheminer sa réflexion au milieu des programmes qu’on lui propose, des personnalités qui les soutiennent, des enjeux de la conjoncture, des logiques politiques pour y retrouver (ou pas) ses convictions, ses choix. Un moment qui pourrait être, qui doit être un moment de prédilection pour l'exercice du libre arbitre.

 

Aller au-delà de l’apparence ; chercher à lire entre les lignes ; savoir distinguer entre les éléments de langage et le langage authentique ; tout faire pour satisfaire la curiosité, pour mettre à la disposition du citoyen les éléments pour qu’il élabore son choix…

La méthode est exigeante et peut céder sous le poids démagogique du populisme.

 

Cette question concerne la conscience de chacun…

 

Mieux, les réflexions internes à nos loges, les travaux initiatiques et sociaux que nous y effectuons, les propositions que nous élaborons, mais surtout la méthode que nous y employons, constituent des outils pour débusquer les apparences et pour faire le choix final. Ils nous servent à nous informer, cet acte indispensable, préalable à tout choix.

Gérard Contremoulin

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