RPMF : la Confédération Maçonnique de France est née, elle a quatre parents...
Les 4 Grands-Maîtres signent le Traité entouré de leurs prédécesseurs (photo JLT)
Le Convent de la Grande Loge de France l'a décidé. La "Confédération Maçonnique de France" est donc portée sur les fonts baptismaux par ses quatre parents.
Étape indispensable dans la quête de la Régularité anglo-saxonne, la création de la Confédération constitue-t-elle pour autant un moment décisif ? Nécessaire, bien sûr mais suffisant, non. Et les députés des Loges ne s'y trompent pas. Au delà de l'indéniable bonne nouvelle que cela représente pour eux, ils savent que la route est encore longue.
D'autant qu'avec le redressement de la GLNF, (ce que les anglais semblent admettre lorsque le Grand Chancelier de la GLUA déclare que la situation française n'est pas ouverte et que par ailleurs elle est "in progress"), la situation est davantage celle d'un concours que d'un simple examen... Non seulement il faut remplir les conditions de la "régularité", mais encore faut-il s'imposer comme le premier puisque la Confédération n'est pas la seule à concourir.
Le Traité Fondateur signé le 15 juin 2013 par les 4 obédiences en rappelle les engagements :
"Article 1 :
Les Grandes Loges de la "Confédération Maçonnique de France" respectent en leur intégralité les principes partagés par la fraternité maçonnique universelle qui en assurent l'unité et que sont :
- l'invocation du Grand Architecte de l'Univers
- l'indépendance vis-à-vis de toute structure maçonnique de hauts grades,
- la non-mixité dans les travaux rituels,
- l'interdiction de discussions politiques ou religieuses,
- le caractère progressif et spirituel de la démarche maçonnique."
Cette fois, et contrairement au conseil de Georges Brassens, les "noms sont gravés au bas d'un parchemin". Et Jean-Laurent Turbet nous annonce la naissance "d'une "Franc-Maçonnerie moderne et ouverte" ! En quelque sorte, une Franc-Maçonnerie qui s'ouvre à la ... fermeture.
Car force est de constater que par la volonté des anglo-saxons, les valeurs sur lesquelles se réunit la Confédération devront être exclusives de toutes autres, quoi qu'ils en pensent et quelles que soient leurs intentions !
Et c'est la question des inter-visites qui révèle les limites de cette "ouverture". Elle fait l'objet d'un protocole additionnel général. Mais il existe aussi un additif concernant les membres de la GL-AMF, que n'évoque curieusement pas Jean Laurent mais que l'on retrouve sur "le Blog maçonnique":
"Ce protocole commun a été annexé au Traité fondateur de la Confédération Maçonnique de France. Signé le même jour (15 juin 2013), il détermine les modalités de visites et d'échanges maçonniques à l’usage des Frères de la Confédération Maçonnique de France. L’appartenance d’un Frère à l’une des Grandes Loges membre de la Confédération (...) vaut donc autorisation de visite et de participation à toute Tenue dans toutes les Loges des Grandes Loges membres de la Confédération.
Le texte ajoute des dispositions particulières à la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française. Celles-ci mentionnent:
L’accueil de membres d’Obédiences non régulières est interdit dans les Tenues, cérémonies et toutes réunions rituelles des Loges de la GL-AMF.
L’invitation de membres d’Obédiences non régulières n’est autorisée que dans les réunions d’études et de recherches maçonniques, les colloques et conférences de la GL-AMF.
Tout Frère de la GL-AMF s'interdit de participer à des Tenues, assemblées, cérémonies et réunions d'une Obédience maçonnique non reconnue par elle et non ouverts au public."
On le voit, cette question qui avait été posée d'amblée par Alain Juillet, Grand-Maître de la GL-AMF, dès le début des travaux, reste l'une des difficultés que les discussions n'auront pas permis de régler. Elle touche au cœur d'une exigence de la Déclaration de Bâle qui demandait explicitement la rupture des relations avec les obédiences "irrégulières" !
Ce distingo, cette différence, qui érige la GL-AMF en véritable porteur de la Régularité anglo-saxonne, obère l'ensemble du dispositif par son existence même.
Toujours est-il que cet épisode, même si le processus n'allait pas à son terme, aura permis à celles des obédiences qui sont à la recherche de ce St Graal, de se réunir sur des valeurs qu'elles estiment communes.
Quitte à accentuer par des mesures d'interdiction -inévitablement généralisables- les difficultés dans les relations entre les frères, les soeurs, les voies maçonniques, bref l'éloignement...
Au point qu'imaginer et souhaiter la convergence des obédiences devient un véritable horizon, qui s'éloigne à chaque pas !
Oui, la route est encore longue. Mais la Franc-Maçonnerie est d'abord un chemin...
Gérard Contremoulin
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